"The boucle is boucled... !"

The boucle is boucled, on termine par où on avait commencé. Dès le 3 septembre, Cérémonie des Victoires du Jazz à la Cité de la Musique. Jamais un palmarès n’avait aussi bien collé à la réalité artistique de l’année. À une exception près j’avais voté pour les heureux élus. Merci ! Ce fut donc une soirée mémorable. L’Andy Emler Mégaoctet l’emporta dans la catégorie formation instrumentale, Yaron Herman et Géraldine Laurent terminèrent ex-aequo pour les révélations, la production vocale française revint à André Minvielle.

Yaron Herman & Géraldine Laurent
Photo © Michel Delorme

L’album instrumental fut « Oui » de Pierre de Bethmann, lequel dama le pion à « Time out trio » de Géraldine, déjà récompensée, et Belmondo/Nascimento, les frangins étant multirécidivistes des trophées. Enfin Ahmad Jamal se vit décerner le prix de l’album international de production française. Je vais faire hurler dans les chaumières mais ce pianiste ne m’a jamais ému, sauf peut-être jadis dans un fameux concert au Pershing. Je déteste en particulier la version de « Poinciana » affublée d’une figure rythmique à la lourdeur grotesque. Que Miles, qui disait l’aimer tant, ne l’a-t-il engagé ? Une Victoire d’Honneur consacra le grand Roy Haynes, présent pour l’occasion et toujours aussi smart. Mais ses multiples nominations au titre de musicien le plus élégant ne doivent pas faire oublier qu’il accompagna tous les plus grands de l’ histoire du jazz. Lester Young, Charlie Parker, Bud Powell, Sonny Rollins, Miles Davis, Sarah Vaughan, Thelonious Monk, Eric Dolphy, Stan Getz et, excusez-moi, John Coltrane, dont il dit un jour : « Jouer avec lui était un merveilleux cauchemar ». La seule chose dont on se serait bien passée fut la prestation de Melle Patricia Barber, sombre à son image, tant celles des autres artistes furent glorieuses, en particulier le « Autumn nocturne » de Géraldine Laurent.

Charles Lloyd... à la batterie !
à Vannes - été 2008

Dès le lendemain, histoire de ne pas chômer, j’attaquais Jazz à la Villette. Charles Lloyd, Zakir Hussain, Eric Harland, quoi de plus alléchant ? Triomphe total, musique d’atmosphère, envoûtante, mais je n’ai pas tout bien compris. Charles Lloyd est supposé jouer en priorité du ténor, voire de la flûte. Or, de plus, il utilisa tour à tour le taragot, genre de soprano, l’alto, le piano et… la batterie. Pourquoi si peu de ténor ? Qui trop embrasse ?

Petite infidélité le 5 mais pour le grand Paolo Conte à Pleyel. Immense conférence de presse l’après midi. Il me voit arriver et se met à raconter aux journalistes italiens notre participation commune à un jazz quizz à Oslo à la fin des années 60. À l’époque personne ne le connaissait évidemment et c’est en 1998 seulement qu’en retrouvant le programme, j’ai lu qu’il était le candidat italien ! Excellent concert, avec bien entendu tous les tubes immortels que vous connaissez.

Le soir du 6, encore une soirée hors La Villette avec le Megaoctet d’Andy Emler au Triton des Lilas. On affiche complet, même pour dîner. Plus un centimètre carré inoccupé dans la salle de concert. Concert qui va être inouï, démentiel, inespéré même si on pouvait légitimement s’ y attendre. Les compositions, les arrangements, les solistes et surtout une « saine » folie, tout y est. [1]

Le lendemain dimanche, retour à La Villette où dans la belle salle de la Cité de la Musique se donnait « l’œil de l’éléphant ». Photos de Guy le Querrec classées par thèmes et musique live par Michel Portal, Louis Sclavis, Henri Texier et Jean-Pierre Drouet.

On dit Le Querrec comme on dit La Callas. "Leica-las" reprend-il !

FIN... avant l’épilogue en forme de best of


> Les épisodes précédents :

[1On pourra lire ou relire la chronique de ce concert par Alain Gauthier