Dans cette carte blanche à lui offerte par le festival, Martial Solal s’est fait plaisir. D’abord cette pièce pour 100 doigts, jouée par six pianistes (lui compris), à savoir : Franck Amsellem, Franck Avitabile, Pierre de Bethmann, Benjamin Moussay et Manuel Rocheman. Une composition étonnante où chacun a trouvé sa place au gré des soli et rugi en choeur sous la houlette d’un Solal visiblement heureux du résultat. Soutenus par les frères Moutin, ce fut l’entame réussie d’une soirée en tout point convaincante.

Hank Jones & Martial Solal
Jazz à Vienne, 30/06/09

Les Moutin ont conservé leur place en deuxième partie de soirée afin d’accompagner le maître de cérémonie et son invité, Hank Jones. Incroyable de vigueur et de joie de vivre. La virtuosité, l’élégance et l’humour de deux maîtres du clavier, sur lesquels les années coulent avec bonheur, salués par une inévitable standing ovation, fut à n’en point douter le moment le plus chargé d’émotion de la soirée. Oui, le poids des ans n’a jamais été aussi léger et Hank Jones a mené les débats avec un brio qui n’appartient qu’à lui. A 92 ans, ce pianiste légendaire a déposé chaque note à sa juste place et organisé l’espace musical autour d’improvisations subtiles et toniques à la fois. Du dialogue avec Martial Solal et des échanges avec les frères Moutin est née une architecture au classicisme érudit qui a ravivé le lustre de ces standards qui, disons-le une bonne fois pour toutes, ne seront jamais éculés entre les mains des grands du jazz.

Vint ensuite le New Decaband soutenu pour l’occasion par les cordes de l’Opéra de Lyon. On est entré là dans l’exigence musicale pure chère à Martial Solal et, si la construction très contemporaine de l’ensemble a pu en interloquer certains, ce n’en était pas moins un orchestre de haute tenue, à la mesure de la vision solalienne de la musique Ce sont des soirées comme celle-là qui ancrent dans l’esprit du public la réputation d’un festival.


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