Dimanche 5 juillet

Raul Midon

Pas vraiment jazz mais pas mauvais pour autant. Dans une veine chapmanienne, le chanteur aveugle, natif du Nouveau Mexique, a proposé un moment musical de qualité, un peu redondant cependant.

Raul midon, SMV
Jazz à Vienne, 05/07/2009

S.M.V.

Clarke, Miller et Wooten. Rien que ça. Trop pour nous. Une sono tonitruante pour un show à l’américaine, emplie d’une virtuosité vaine. Chacun son tour, à deux, à trois, passe-moi le sel. Regardez comme je suis doué. Et mon pote aussi, il est balaise. Clarke qui martyrise une contrebasse suramplifiée au son inconcevable. Un zeste de michael Jackson au rappel. Stop ! N’en jetez plus ! Même si Marcus Miller est capable de citer Brubeck au passage ou un standard de jazz, on frise l’indécence dans la surenchère. Est-ce ainsi que l’on peut faire la promotion du jazz ? Certainement pas. Mais on remplit le théâtre. Alors, si cela permet de proposer d’autres soirées moins courues mais d’une autre tenue, tant mieux.

Mercredi 08 juillet

Mario Canonge

Virtuosité flamboyante. Voilà en deux mots le résumé d’un remarquable concert. Accompagné et soutenu par une rythmique infernale, Chander Sardjoe et Linley Marthe, Mario Canonge a littéralement secoué le théâtre antique quasi plein. Le public heureusement surpris a bien volontiers joué le jeu d’une musique aussi joyeuse que militante. Sa participation chantée et dansée a électrisé, s’il fallait encore, les musiciens. Le rappel, tout en douceur vocale, laissera assurément des traces dans les mémoires. Body and Soul. Deux autres qualificatifs de circonstance pour vous donner une idée juste de ce set.

Mario Canonge, Dianne Reeves
Jazz à Vienne, 08/07/2009

Sing the truth

Quatre personnalités du chant pour célébrer Nina Simone. Liz Wright d’abord, dont le talent éclate dans ce contexte particulier : un art vocal évident qui devrait s’affirmer avec le temps. Simone ensuite, fille de Nina, qui en fait un peu trop dans l’outrance vocale. Vient après Angélique Kidjo pour évoquer les racines africaines, de belle manière ma foi. Dernière apparue de ce quatuor, Dianne Reeves. Que dire ? Son chant est tel que, d’emblée, on ne voit plus qu’elle, on n’entend plus qu’elle. Puissance et souplesse, justesse et émotion. Ajoutez ces qualités à sa simplicité naturelle et vous obtenez ce qui manque cruellement à nombre d’artistes, talentueux certes mais dont le comportement méprisant est quelquefois méprisable : la classe. Dianne Reeves en pleine maturité, on le dit sans ambage, s’élève à la hauteur des plus grandes

Jeudi 09 Juillet

Hervé Sellin Tentet / Wynton Marsalis Lincoln Center Jazz Orchestra

Le disque du tentet est beau, indéniablement. Sur la scène viennoise, l’examen est passé haut la main. L’excellence des solistes donne aux compositions contrastées d’Hervé Sellin un lustre évident. La rythmique est en place. Contrrairement à nombre d’orchestre français, l’ensemble est léger. A l’écoute, on respire.C’est bien une forme de classicisme contemporain que nous propose le pianiste, ne serait-ce que par le positionnement original de la guitare et du vibraphone dans cette formation pétrie d’un swing alerte et qui fera dire à Wynton Marsalis à l’écoute devant l’écran en coulisse, avec un sourire large comme ça, "Oh shit !" : ce qui valait à l’évidence bien des compliments.

Hervé Sellin, Wynton Marsalis
Jazz à Vienne, 09/07/2009

Le même Marsalis est, quelques minutes plus tard, sur scène et régale un public attentif. Ceux qui critiquent son jazz "rétrograde" ne savent peut-être pas goûter la finesse des arrangements du Lincoln Center Jazz Orchestra. Et si la révolution musicale ne passe pas par son big band, il est assurément évident que sa musique atteint une sorte d’achèvement formel que bien des formations aimeraient effleurer, ne serait-ce que du bout de l’ongle du doigt de la main...