Trio, Triton, Trois, Triple, Terriblement Trapu !!

L’autoroute est dégagée, le périph’ fluide et tout de suite, une place de stationnement me tend ses bras bitumés à quelques pas du Triton où j’arrive largement avant l’heure du concert. ça sonne comme un dicton ancien :"De bonne heure du bonheur". Pourvu que ça continue !

L’Emmanuel Bex Trio présente son nouveau projet « Open Gate » à la petite cinquantaine de spectateurs qui a fait le déplacement ce vendredi soir. Est-ce à dire que tous les absents collent des affiches pour les élections et s’entassent dans les derniers meetings ? Why not ? Ces cinquante ont eu raison.

F. Bearzatti (sax), S. Goubert (batterie), E. Bex (orgue)
Photo © CultureJazz

Les trois compères sont d’un calibre respectable genre chasse aux grands fauves d’Afrique. À la batterie, Simon GOUBERT, batteur que je place au sommet de mon Panthéon des frappeurs de peaux et de métal à côté de Daniel HUMAIR. Inventif, joueur, infatigable relanceur, pratiquant une écoute sans faille. Au sax ténor et à la clarinette sib, Francesco BEARZATTI, un grand souffleur déjanté dont l’inspiration surprend : chez lui pas de phrases entendues ici et là, tout est nouveau, original, émouvant, lyrique, retenu, juste. À l’orgue Hammond et à la voix, Emmanuel BEX, simplement épatant.

Et le concert fut un grand plaisir : du vrai beau jazz bio avec dedans, des gros morceaux de blues, de groove, de sourires complices et d’énergie. Que du plaisir !

Leur répertoire court de pièces hautement véloces, sans doute des cousines de Donna Lee, à des morceaux lents dont une suite intimiste. Clins d’œil à l’Italie et donc à Francesco avec « E pericolo sporgersi  », à Aldo Romano avec « Camino », délicieuse valse boiteuse à 5 temps qui, une fois entendue, reste entêtante en tête. Il y a chez ces trois hommes de la sensibilité à revendre, de la tendresse même et leur amitié nourrit leur musique qui nourrit leur amitié and so on. Trio à aller écouter et ré-écouter sans tarder, ailleurs et plus tard.


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