> Chorus, Lausanne, Suisse

Deux saxophonistes, deux mondes, à 15 jours d’intervalle, pour finir en beauté la saison 2010-2011 au Chorus de Lausanne.

> Vendredi 13 mai 2011

  • Andy Sheppard, saxophones
  • Michel Benita, contrebasse
  • Sébastian Rochford, batterie
Andy Sheppard
2011

Le saxophoniste britannique a livré deux sets superbes. Appuyé par Michel Benita, toujours élégant et inventif, et le jeune écossais Sebastian Rochford, dont le jeu surprend en bien par les chemins inaccoutumés qu’il parcoure, l’autodidacte du sax a parcouru la riche palette impressionniste qui le caractérise. La finesse mélodique de ses compositions, la variabilité des atmosphères, impriment d’emblée sa marque. « Fais tourner » ! disent ses comparses. Et cela ne ronronne pas, ça tourne. Bien qu’en début de premier set le batteur soit un peu trop enclos en son univers, la climatologie sheppardienne s’installe et séduit l’auditoire. Car Andy Sheppard, entre humour et discrétion naturelle, est un vrai leader, un de ceux qui s’imposent par leur originalité d’écriture autant que par l’écoute active envers ses partenaires.

  • À ce jeu d’esprit et d’oreilles, Michel Benita en connaît un rayon. Il ne soutient pas, il pratique, judicieusement de phrase en phrase, un échange fructueux au service de la musique. Il aura fallu un peu de temps au batteur de Polar Bear pour être à l’unisson, mais une fois le duo rejoint, la discussion s’est développée au gré des compositions proposées.

Belle soirée, de fait, toute en sonorités amples et boisées.

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> Samedi 28 mai 2011

  • Benny Golson, saxophone
  • Fritz Pauer, piano
  • Gilles Naturel, contrebasse
  • Pius Baschnagel, batterie
Benny Golson
2011

Benny est une légende. Golson aussi. Benny sait faire parler les morts et ne s’en prive pas entre chaque morceau. Golson enchaîne les tubes qu’il a composés. On peut donc affirmer que Benny Golson est une légende à plus d’un titre.

  • Accompagné par le pianiste autrichien Fritz Pauer, dont les qualités ne sont hélas connues en France que d’un cercle d’initiés, de Gilles Naturel à la contrebasse (faut-il le présenter ?) et du jeune Zurichois (encore un peu raide par moment) Pius Baschnagel à la batterie, le philadelphien a donné deux sets enjoués, à la mesure des moyens qui sont les siens à 82 ans. N’allez pas croire que l’on mégote. L’expérience et la sincérité aidant, il s’en sort avec les honneurs dus à son rang, à son jeu et l’assentiment d’un public enthousiaste. Que voulez-vous, quand on vous balance « Along came Betty », «  Whisper not  » ou « Stablemates  », même les morts secouent leurs métatarses ! Et si tant est qu’ils aient encore de la mémoire, ils doivent se souvenir qu’ils en ont dragué quelques unes sur « I remember Clifford » ou « Blues after dark ».
  • Je me demande quelquefois ce qu’il peut bien se passer dans la tête d’un petit géant comme Benny quand il embouche pour la énième fois le Selmer pour lâcher les notes de ces, de ses, standards. Qui poursuit qui ? Un demi-siècle de vie commune avec ce genre de partitions, ce n’est pas simple à gérer. Surtout quand le souvenir de vos amis vous tourmentent avec la gloire et les démons... J’ai vu un grand ancien que l’on menait sur scène et qui n’en pouvait plus. C’était presque un concert à titre posthume. Ce tragique-là, Benny Golson s’en moque. Il va bien. Alors pour tromper le temps qui passe et contenir les questions existentielles, il joue et discute avec son public. C’est ce qu’il a de mieux à faire. Ça lui fait plaisir et ça nous fait plaisir. Go on Benny ! See you soon.

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