Et rien que des jeunes d’esprit sur le parquet...

Il fait un temps à tremper dans l’eau au pied d’une paillote, un verre de Fiumicicoli à la main et à écouter la nuit tomber du ciel étoilé.
Ciel qui, ici, au Théâtre des Champs-Élysées, habite la coupole Art Déco créée par Maurice Denis et couvre en partie le parquet destiné au Bal du Centenaire (du même théâtre). Le public est invité à ne pas s’asseoir puisqu’il s’agit d’un bal. Un bal pour danser. Pour de vrai.
« Viens à la gambille,
tu verras des filles
Qui frétillent des gambettes,
viens danser au bal musette !! »
Ben là, pas de gigolettes, pas de gigolo, pas d’accordéon. Mais le Big Band Tous DEHORS avec :
Laurent DEHORS : saxophone ténor et soprano, clarinettes Bb – basse – contrebasse, Catherine DELAUNAY : clarinettes, David CHEVALLIER : guitare et banjo, Denis CHANCEREL : guitare électrique, Jean-Marc QUILLET, marimba, vibraphone, xylophone, glockenspiel, Bastien STIL : tuba, trombone, piano, Gérald CHEVILLON : saxophone basse, soprano, flûtes à bec, Damien SABATIER : saxophone alto, baryton et Franck VAILLANT à la batterie. Ils ont enfilé la veste, ça fait sérieux.

Dans la salle aussi, certains l’ont joué costumé d’époque : robe charleston, longs gants, boa, bandeau, colliers. Une femme porte un fourreau rouge en écailles qui coule sur elle comme un film d’eau, un homme en costume blanc, les cheveux plaqués en arrière, le yacht amarré dans l’avenue, la joue Andy Garcia. Pas de racaille tatouée, pas de look néo-Bastille, des jolies femmes, des hommes propres sur eux. Un entre soi que ne renieraient pas les Pinçon.
On est en plein revival du bal nègre de la rue Blomet (un bal d’aujourd’hui mettrait-il les roms en vedettes exotiques ? ) et ce Bal du Centenaire met à l’honneur la période faste placée sous le signe de la joie, de l’enthousiasme et de la liberté, après l’hécatombe de la première mondiale et avant l’avènement de la mort industrielle lors de la suivante.
Pas de jabadao, pas de valse, pas de danse plinn, pas de polka piquée mais du charleston, du fox trot, du jitterbug, un genre de quadrille, un boléro et quelques rythmes lents.
En vrac, ils nous ont joué Dinah, Brain Storm (ouahhh le solo rugissant de Vaillant !! ), J’ai deux amours, la Tonkinoise avec la vraie voix de Joséphine Baker comme si tu y étais mon pote, le délicieux Si tu vois ma mère ( de Sydney Bechet ) qui vaut bien son insubmersible Petite Fleur, If I could be with you ( Dehors tombe la veste et arbore une magnifique marinière ), Caravan (trés jungle style ), Tiger Rag dans la version d’Art Tatum, Fast and Furious, un truc d’Émile Vacher mais quoi ??

Sur le parquet, cette musique du patrimoine swing se transforme en madison, rock, tango et autres slows. Aucun accident à déplorer (ni luxation de prothèse de hanche, ni claxus du staphilet ni grand écart intempestif..) et la mine réjouie des danseurs fait plaisir à voir.

Un bus-discothèque passe lentement dans l’avenue, musique techno à fond. Il prépare le Bal du Bicentenaire ?

Vendredi 5 juillet 2013 à 21 heures - Théâtre des Champs-Elysées, Paris.


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