5 jours, 5 villes, 5 concerts en Bourgogne. Étape du 13 novembre.

Sylvain Rifflet, avec « Alphabet », était invité pour cinq concerts en Bourgogne, à Châtillon sur Seine, Dijon, au Festival de Nevers, puis à Auxerre et Chalon sur Saône.

Leur musique, c’est un mélange d’acoustique et d’électronique, de rock et de jazz, construit tant autour des compositions originales du saxophoniste, que des apports sonores de chacun des musiciens de sa nouvelle formation. Original, inventif, surprenant, spontané, sonorité inédite, voici résumé ce quartet sans batterie.

Alphabet : Joce Mienniel, Sylvain Rifflet, Phil Gordiani, Benjamin Flament - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Avec ses musiciens, Sylvain vous emmène dans son monde, dans son univers de surprises où votre imaginaire est constamment sollicité.

Première surprise de taille lorsque déjà, vous pénétrez dans la salle ou va jouer "Alphabet".
Sur la scène, une place prépondérante est donnée à la disposition des percussions. Aux manettes, un chercheur dit "de sons amplifiés". Benjamin Flament, est nivernais. Ancien élève du vibraphoniste Frank Tortiller, ce jeune percussionniste a disposé tous ses chers outils de façon minutieuse afin d’exploiter au mieux le matériel qu’il a lui-même façonné comme un véritable artisan. Il va construire au fil des morceaux choisis pour la soirée, de nouvelles résonances avec notamment : abat-jour, cul de poule, gongs thaïlandais où vietnamiens, bols tibétains, morceaux de métaux, cul d’enceinte et cymbale martelée, chaque instrument est frappé, ou effleuré à l’aide de mailloches.
Les trois autres musiciens font face au public.
Très vite, le rythme de lecture s’accélère. Techniquement difficiles, les partitions sont avalées les unes après les autres. Saxophoniste et flûtiste doivent respirer aux moments clef de leur démonstration.
On a la sensation d’une musique machinale, et toutes les imaginations sont ici permises. Tout au long du programme chacun va, je vous l’assure, retrouver un peu de ses souvenirs, de sa propre histoire, de ses voyages, pour d’autres ce sera sans doute une vraie découverte.

Au bout de quatre morceaux enchaînés à toute vapeur,
Sylvain Rifflet est visiblement content de son premier set, et il le dit à sa façon : « elle est bien la lessive, çà sent bon ! Vive la Bourgogne ! ». Il est vrai que le groupe a pu obtenir une vraie tournée en Région Bourgogne grâce au Centre Régional du Jazz de Bourgogne : 5 villes, et 5 concerts en 5 jours.

À chaque morceau, vous pénétrez dans un nouveau monde.

Joce Mienniel - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon
Sylvain Rifflet - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon
Phil Gordiani - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Il y a celui où se marie la kalimba de Joce Mienniel, flûtiste de l’actuel ONJ, à la guitare, d’un ancien du rock, Phil Gordiani. Celui-là, il est d’enfer ! Il soutient une rythmique implacable avec son complice Benjamin. Grâce à eux deux, les mélodistes vont pouvoir à leur guise, s’exprimer seuls ou ensemble en osmose parfaite, comme dans ce nouveau morceau coloré intitulé (provisoirement) « 13 ».

C’est la découverte d’un monde hispano arabisant, lancinant, envoûtant. Le saxophoniste développe son histoire mélodique soutenue par les percussions.
On entend le tom basse évocateur d’une sorte de danse indienne.
Arrive le mariage "Alphabet" à la "lettre" de la flûte et du saxophone ténor. Un exposé de notes et d’harmonies superposées. On dirait de fins oiseaux survolant des montagnes baignées par le soleil.

Avec « 24 », autre titre provisoire, c’est cette fois la kalimba qui se fond aux percussions, arrivent ensuite la clarinette et la guitare en distorsion, clarinette évocatrice et charmeuse de serpent… la flûte arrive.

L’écriture de chaque morceau permet aux musiciens des dialogues à répétition, des questions et des réponses. À tour de rôle chacun s’exprime clarinette et flûte, saxophone et guitare puis encore flûte et saxophone.

Alphabet - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon
Sylvain Rifflet, Phil Gordiani - Dijon, nov. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Maintenant j’ai la sensation de rentrer dans l’espace d’un désert. La musique me transporte. Avec la guitare et les percussions j’imagine une succession de dunes, le paysage apparaît, j’imagine des dromadaires qui se suivent en colonne, la flûte pilote le convoi, je me retrouve au cœur de la méharée. Une danse incantatrice puis le convoi musical repart pour une prochaine étape, superposition des sons et des rythmes émis conjointement par la flûte et le saxophone.

Autre univers, autre approche.
Sylvain Rifflet débute le morceau avec des « slap » (il claque sa langue sur l’anche de son bec de saxophone) et souffle simultanément pour émettre ses sons.
Nous voici maintenant dans un free contrôlé, maîtrisé, dompté. Le groupe déjante et nous propulse dans une sorte de monde celtique. Je m’invente une forêt où se promènent des elfes, ils jouent à cache–cache et la flûte les fait sautiller entre les feuillus. Modulations montantes et descendantes et reprises d’un rythme ondulatoire partagé entre le saxophone et la flûte, et tout d’un coup la guitare accentue la vitesse d’exécution de l’ondulation, elle est marquée cette fois-ci par le percussionniste.

Chaque soirée, les quatre musiciens réussissent à mettre au grand jour, une nouvelle écriture au sein de musiques actuelles. C’est en quelque sorte un nouvel ALPHABET musical. Le public, lui, ressort ravi et même enchanté de sa découverte.

« ALPHABET » a été crée en 2011 au cours du Festival
Jazz au fil de l’Oise, ce quartet atypique a déjà publié un CD. Le prochain sera enregistré courant janvier 2014.

Dijon, La Vapeur - mercredi 13 novembre 2013, 20h30 - ALPHABET : Sylvain Rifflet : saxophones, clarinettes, ordinateur, métallophone / Joce Mienniel : flûte, guimbardes, kalimba, ordinateur / Benjamin Flament : percussions et métaux traités, machines électroniques / Phil Gordiani : guitare et manipulations électroniques.

* * * * *** * * * *

> Liens :