Un soir en Suisse.

> A M R, Genève, le 30 avril 2014


Alone together

L’art de la communication musicale s’exprime généralement avec grâce quand le savoir et la complicité sont le fait de géants n’ayant plus rien à prouver à qui que ce soit.

Les musiciens de cet acabit sont peu nombreux. Dès lors qu’ils dialoguent en scène, ils pratiquent un art proche de la plus fine des musiques de chambre. Un sentiment organique s’en dégage dès les premiers accords qui saisit l’auditeur et ne le lâche à aucun moment durant le concert.
Chaque morceau est une sculpture sonore évocatrice, aux facettes multiples, qui suscite sans trêve et l’interrogation amusée et le plaisir de l’évidence.

Les deux artistes dont nous parlons ici touchent cette quintessence à pleins doigts. Ancrés dans les fondamentaux d’un jazz qu’ils savent magnifier, ils jouent une musique du vingt-et-unième siècle façonnée par d’étonnantes audaces harmoniques qui ne peuvent qu’interpeller tant elles fréquentent des sphères aussi lointaines du commun des musiciens qu’elles sont originales.
À regarder et écouter, c’est tranquillement ébouriffant. Nous étions venus à l’A.M.R avec le secret désir d’être embrassés par la beauté. Nous n’avons pas été déçus. Ce fut même facile. Et c’est bien tout l’art difficile de la facilité que de réaliser l’impossible ou presque : être en phase avec l’instrument, la musique et le public et produire l’émerveillement en montrant toute la profondeur de l’espace dans chaque note révélée et donner corps à l’indicible / l’invisible.
Marc Copland et John Abercrombie savent faire cela.
Rien à ajouter.


Pour mémoire :

Marc Copland & John Abercrombie : "Speak to Me"
> Pirouet Records PIT3058 (2011) / Abeille Musique


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