Écoute de quelques disques du moment.

Vous savez tous que le principe actif du chichon, c’est le THC. Ce que certains ignorent, c’est que le principe actif du CultureJazz, c’est le ThG. Ah mon pauvre Thierry ! Avec tout ces CD que tu reçois, si l’on oublie passagèrement la haine que te voue ton facteur, tu pourrais quasiment te construire une baraque, que dis-je un temple de la musique. Des murs de digipacks isolés avec des livrets quadri, du carrelage en vinyle, une terrasse en clipbox et, must absolu, un bel épouvantail pour le potager bio. Tiens, dans le salon encore plein de cartons ouverts, eux-mêmes pleins de galettes attendant que ton ouïe sélective les juge, tu extirperais le dernier enregistrement d’Erland Dahlen, « Blossom Bells  » et tu te dirais qu’il y a là matière à faire une soirée toxico entre potes. Quelques coups de fil plus tard, ils seraient là et la fête commencerait. Les plus sages mangeraient un space cake en écoutant résonner son étrange musique, les confirmés tremperaient leur buvard dans une tasse de camomille en plongeant oreilles les premières dans l’infini percussif de ce quadra norvégien. Les suicidaires hallucinés par les cloches de fleurs qui composent ses dernières créations se feraient un speed avec des choux de Bruxelles (la recette de Line Renaud) et vous finiriez tous débraillés, chassant les visions à coups de balais sur la plage du camping des peupliers, sous une lune blafarde, délaissée par la Nasa. Au petit matin, de retour à la Casbah, vous vous feriez des « Istanbul sessions » à la Ilhan Ersahin. Après tout, tremper des baklavas dans du thé au lait made in Normandie, c’est jouable. Et puis ça vous occuperait pendant que cette musique hybride ou presque et manquant cruellement de relief défilerait… longuement. Bref, sur ce coup, les risques de soudain embonpoint existent, mais ça devrait vous permettre de redescendre paisiblement. Si ça suffit pas, essayez le « Back East  » de Doug Webb. Tout l’ennui d’un jazz passéiste qui n’aura jamais le goût original du jazz de ses illustres aînés. Vous essaieriez bien de vous dire que c’est pas si mal (vous êtes sympas), que c’est bien fait (vous êtes gentils), que les zicos ont à l’évidence de la bouteille (vous êtes pleins de bonté), mais ya guère qu’un alcoolique aux abois pour y croire.

Mais comme vous êtes des furieux dans l’ouest sauvage, il y en a forcément un qui mettrait en loucedé dans le lecteur le « Tourists  » du Mega mereneu Project d’Emiliano Sampiao, un tromboniste-guitariste brésilien de Graz… Autriche. Là, si vous suivez pas, fumez un peu de thym et faites tourner. Vous verrez comme ce grand ensemble a des vertus apaisantes. Si c’est déjà dimanche, vous raterez la messe ou la manif ou la gamelle chez mère grand. Parce que vous serez profondément endormis, qui sur le canapé, qui sur le tapis. Ce gars, y fait peur à Lexomil. À moins que ce soit un illusionniste hors norme. C’est sensé être rythmé et imparable. C’est juste un peu mou du genou. Avec tout ce que vous avez déjà consommé, vous devriez voir apparaître Julie et François courant nus entre les vaches Milka dans les alpages du Gapençais. Enfin, entre deux rêves, dans un dernier sursaut de lucidité dévoyée, le plus méchant de ta bande de potes remplacerait sournoisement Emiliano Sampaio par Hans Lüdemann et son album solo « Das reale klavier, ein Kölner Konzert  ». Là, j’sais pas comment ça va finir pour vous. Vous allez possiblement vous transformer en ragondin partant à la chasse au sous Keith J. Hunger Games à côté, c’est du pipi de chat et Mad Max une bluette à l’eau de rose, voire à l’eau de Cologne. Entre nous et en aparté, vous ai-je déjà dit que le Köln Concert m’a toujours fait chier ? Allez ! À l’attaque ! Quoi ? Comment ? Aarggh ! Maudit soit celui qui n’adore pas cet illustrissime opus improvisé où le Keith couine presque autant que le mauvais piano de l’Opéra de Cologne. 3.5 millions d’exemplaires vendus à ce jour quand même. Hans, lui, à ce jour, c’est plutôt 0.000.350. Parce que croyez-moi Mr Giard, le gars là, il ne recule devant rien. Il a beau avoir une belle carrière derrière lui, je ne vois pas où il veut en venir, ni où il veut aller. Ok, moi je suis à jeun, je ne tourne qu’au beaujolpif. Toi et tes potes, si vous faisiez un pow wow avec les restes, vous en tireriez certainement quelque chose qui m’échappe, en attendant le facteur qui, éberlué en voyant vos yeux exorbités, s’exclamerait : « C’est la maison du K.O ici ! » Et il repartirait en chantant la fille du coupeur de joint.

Note du responsable de la rédaction, héros (malgré lui) de cette étonnante chronique :
La lecture de cet article montre :
1- Qu’il règne une ambiance sympathique dans l’équipe de CultureJazz !
2- Que le respect de la diversité des points de vue est une règle fondamentale de notre fonctionnement (je ne partage pas l’avis de l’ami Yves sur certains disques cités... mais j’y reviendrai ! L’arrière-boutique n’est pas le rebut !).
3- Que le plus "allumé" de ce récit n’est pas celui qu’on croît !
À suivre puisque vous retrouverez ces disques dans notre prochaine "Pile de disques" de novembre 2015...
.::T. Giard: :.


Les références :

Erland DAHLEN : "Blossom Bells"

> Hubro HuBROCD2525 / Outhere distribution

Erland Dahlen : batterie des années 30 , cloches en tous genres, scie, jouets, xylophone, gongs, objets divers, steeldrum, maracas, machine à écrire, couteaux et fourchettes, electronique, voix, claviers, guitares…

01 - Snake / 02. Pipe / 03. Knife / 04. Iron / 05. Hammer / 06. Blossom Bells // Enregistré en Norvège vers 2014 ?

Ilhan ERSAHIN’s Istanbul Sessions : "Istanbul Underground"

> Nublu records / Modulator

Ilhan Ersahin : saxophone ténor / Alp Ersonmez : basse / Izzet Kizil : percussions / Turgut Alp Bekoglu : batterie

01. Falling / 02. Sariyer / 03. The Calling / 04. Londres / 05. McCoy / 06. Senin Icin Geldim / 07. Sex, Drugs, and Jazz / 08. Studio 54 / 09. Pra gato / 10. 1981 / 11. Tarzanca // Enregistré en Turquie vers 2014 ?

Doug WEBB : "Back East"

> PosiTone Records PR8144 / www.posi-tone.com

Doug Webb : saxophone ténor / Peter Zak : piano / Ben Wolfe : contrebasse / Rudy Royston : batterie

01. Back East / 02. Sally’s Song / 03. Spiral (Alderoft) / 04. RDW Esq. / 05. Vivo Sonhando (Jobim) / 06. 254 W 82nd / 07. Dreamsville (Mancini) / 08. Stanley / 09. Down East (Zak) / 10. Mr. Green / 11. If Ever I Would Leave You (Loewe) / 12. Snicker’s Lament / 13. Old Times (Forestieri) // Enregistré à Brooklyn (NY - USA) le 30 septembre 2014.

Emiliano SAMPAIO Mega Mereneu Project : "Tourists"

> Session Work Records SWR 75-14 / Harmonia Mundi ?

Heinrich von Kalnein, Patrick Dunst, Jan Kopcak, Tobias Pustelnik, Thomas Fröschl : anches, flûtes / Adam Ladanyi, Karel Eriksson, Carlo Grandi, Johannes Oppel : trombones / Mario Stuhlhofer, Dominic Pessl, Gerhard Ornig, Marko Solman, Werner Hansmann : trompettes / Luis Andre Gigante : batterie / Michael Lagger : piano, orgue / Maximilian Ranzinger : accordéon et ukulele, basse / Emiliano Sampaio : guitare, compositions, arrangements

01. Jazz Mayday - São Paulo / 02. Grožnjan / 03. Käsekrainer Blues – Graz / 04. Brno / 05. Bad Radkersburg (inspired by My Favorite Things) / 06. Paris / 07. Łódź / 08. Vienna // Enregistré en Autriche vers 2014 ?

Hans LÜDEMANN : "Das Reale Klavier – Ein Kölner Konzert"

> BMC records BMC CD 219 / UVM distribution

Hans Lüdemann : piano et piano virtuel

01. Präludium 1 / 02. Blaue Kreise / 03. Heartbeats / 04. Präludium 2 / 05. Spring Rites / 06. Ankunft / 07. Love Confessions / 08. Rollende Steine / 09. Arabesque // Enregistré au Loft, à Cologne (Allemagne) le 15 mai 2015 et à Düsseldorf le 26 octobre 2013 (piste 9).