Samedi 21 janvier 2023

Vous savez quoi ? C’était samedi 21 janvier, jour qui vit sortir au cinéma « Le kid » de Charlie Chaplin en 1921, ça caillait et l’envie de rester collé au poêle à glander sévèrement en regardant les flammes danser n’était pas une vue de l’esprit. Mais le devoir m’appelant d’une voix ferme et définitive, j’habillai ma carcasse, démarrai le carrosse, et allez hop ! Au Crescent pour mon premier concert de l’année (il était temps), sous les meilleurs auspices (et de préférence pas à l’hospice). Catali Antonini tenait la scène avec son trio, sortie de disque oblige. C’était d’ailleurs plus un quartet de musiciens qu’un trio avec chanteuse et c’était bien comme ça. En deux sets, ils nous firent les nouveautés et plus. Catali Antonini chanta en français, en anglais et en italien des compositions majoritairement personnelles. Il y eut du jazz, de l’entredeux, un soupçon de funk et l’ensemble fut furieusement harmonieux. Les quatre s’en amusèrent et tout leur sembla accessible. La chanteuse tint la scène avec gourmandise. Elle était là pour partager avec le public sa passion. Son chant fut pêchu et précis, nuancé, et son redoutable scat fut imparable. Derrière elle, ça turbina avec panache et, de solo en solo, chacun s’exprima au mieux, donc au service du collectif. Naturellement, la salle fut réceptive. Dans le cas contraire, c’eut été une assemblée de mollusques décérébrés (ce doit être un pléonasme, je vous laisse vérifier). Vous le savez, quand l’envie et l’entrain emplissent une scène, ils débordent et se répandent dans la salle ; on le voit dans les yeux des spectateurs. Et c’est ainsi que le concert se déroula, dans une ambiance chaleureuse, solaire, méditerranéenne… je suis momentanément à court d’adjectifs… Bref, ce fut charnel, plein de bonnes vibrations, abouti musicalement, et logiquement achevé par un rappel. Qu’aurais-je pu désirer de plus pour redémarrer la machine à ouïr ? Rien. Ceci écrit, j’aurais préféré que David Crosby ne meure pas deux ou trois jours avant, parce que ces gens-là, quand ils disparaissent, ils emmènent une bonne partie de ma jeunesse, et ça, j’apprécie très moyennement. Il faut impérativement créer un truc ou un bidule pour que Dylan et Neil Young deviennent immortels, et Charles Lloyd aussi, et puis moi bien évidemment. Pas sûr qu’il y ait de la musique là-haut. Et en sus, comme l’écrivit sur Twitter Crosby peut avant sa mort, «  I heard the place is overrated, cloudy. » Une observation suffisante pour mettre une autre bûche dans le poêle et fredonner Cowboy movie, Song with no words, ou encore la dernière chanson de son dernier album en studio : I won’t stay for long. Ah ben merde alors…


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