Samedi 04 février

En décembre dernier, la situation de l’association du Chien à 3 pattes était tendue. Elle avait appris que le Centre National de la Musique ne lui renouvelait pas sa subvention. Coup dur et interrogation quant à l’avenir de la structure qui fêtait ses 15 ans le 13 janvier dernier. Fort heureusement, grâce à la générosité de ses adhérents, à plus ou moins court terme, le chien aboie encore. Il n’en demeure pas moins que la situation est délicate. Alors en attendant que le clébard trouve une solution viable sur le long terme, moi qui déteste cordialement les animaux domestiques, je suis allé le soutenir et écouter Sweet Dog, je n’invente rien, trio affirmant faire une musique de niche… En ce 04 février qui vit l’inauguration de l’Arpanet (1969), ancêtre sans lequel vous ne pourriez me lire sur votre écran en cet instant, le saxophoniste prévint d’emblée le public que l’improvisation totale serait la matrice de la soirée. Allons-y gaiement, me dis-je ému. De fait, les trois énervés canins entrèrent bille en tête, façon raz de marée, dans le vif du sujet et, ma foi, je m’en portai très bien. Quand vint la deuxième pièce, je remarquai que le trio, si tant est qu’il improvisât, avait en stock quelques motifs autour desquels tourner afin de rassasier l’auditoire (ils jouent en-semble depuis 2015). Là encore, portés par des vagues successives alternant le doux et le dur, le souple et le haché, les compères démontrèrent un savoir-faire pour le moins pertinent. Julien Soro à la proue céda ici et là à Paul Jarret et Ariel Tessier le leadership, histoire que chacun put nourrir le feu. Variations rythmiques à la sonorité changeante, loop et autres fantaisies guitaristiques, lyrisme pop et dérapages contrôlés, permirent d’ouvrir un champ exploratoire qui satisfit grandement le public (et oui la petite salle était pleine), ce qui m’autorise à hurler (une fois de plus) qu’un public lambda est capable d’aimer tous les genres de jazz et qu’il faut subséquemment cesser de le prendre pour un tiroir-caisse en lui servant une soupe formatée à l’easy listening (l’expression date, je vous l’accorde). Deux rappels enchaînés plus loin, le concert s’acheva dans la bonne humeur, une constante en ces lieux, et je déguerpis fissa, pressé de faire la route du retour, sans aucune raison, ou allez savoir, par peur qu’un autre rocker décéda avant j’eusse confié mes rêves au nocturne oubli.


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