Jeudi 2 février 2023

En ce début 2023, l’Atelier du Plateau a revêtu son nouveau décor : enlevés les gradins datant des semaines circassiennes, recrémés les murs d’un blanc doux ( oui, le dry january, c’est fini ) et il accueille ce soir le Janick Martin Trio, à savoir : Janick Martin aux accordéons diatoniques, Julien Tual à la guitare et Simon Latouche au trombone ; une fois n’est pas coutume en ce lieu, le trio est électrifié et use de bidouilles à commandes pédestres. Pour se mettre en jambe, rien de mieux qu’une danse traditionnelle du pays vannetais, Les sept paires de souliers, avec tout de suite cette pulse qui fait frémir les talons, ces accents de l’accordéon qui invitent à sauter, sauticoter, sautiller, taper, marteler et convoquent, c’est obligé, Pierre-Jakez Hélias et son Cheval d’orgueil. Qui se souvient de ces danses plinn où les hommes du hameau, pendant des heures et des heures, non seulement dansaient pour damer le sol en terre de la pièce à vivre mais passaient le redoutable examen de Bon à marier ( ou pas ) avec comme seul critère l’essoufflement indiquant des poumons mités ? Aucun projet ce soir de refaire le sol de l’Atelier, on reste sagement assis. Le solo du trombone ne fait pas du tout désordre, cette musique traditionnelle se veut jazzy et on sent vite qu’elle respire synchro avec les danseurs virtuels : intro ad libitum ( on va danser, préparez vous !! ), tranquille exposition du thème, souvent à l’unisson ( on choisit sa place dans la ronde ), passage au tempo ( on se laisse danser ), impro des trois ensemble ( attention à ne pas perdre le pas ), disruption rythmique (on s’essuie le front, la nuque, les mains ), reprise du thème et enchaînement sur le morceau suivant. Avec Langon bleu, le trio promeut le plus bel endroit du monde, à l’ouest par là-bas, nous indique Janick, pas loin de Redon. Bref : un nouveau nombril du monde pour concurrencer celui de Pougne-Hérisson. Rythme enlevé, gros solo de guitare ( on a droit à un mini woodstock chambriste ), on a droit aussi au lait de la tigresse ( Tiger Milk ), boisson du Liban qui cache avantageusement son titre d’alcool sous une apparence laiteuse ( le dry january, c’est fini ). La pièce centrale du concert, introduite par le guitariste, sonne comme Bang Bang ( oui oui, Kill Bill ), le thème arrive avec le trombone puis l’accordéon seul a cappela, avec toujours ces accents qui pulsent, propulsent, invitation à rester le pied en l’air, en suspension, à échapper à la gravité. Janick se lâche, c’est son moment, on se souvient qu’il joue du diato, donc tirer le soufflet, ramener à vide, tirer le soufflet, ramener à vide : un métier !! On a tout le temps de s’enlacer sans s’lasser. Il s’agit d’une tarentelle, danse endiablée pour ( soi-disant ) soigner des piqûres de la tarentule. Danse trad bretonne, jazz des bas-fonds, tarentelle, la musique populaire dans sa splendeur universelle. ( Ré-écouter Tarentella par l’Arpegiata s’impose ). Il y aura Epidemic dance ( oui, la pandémie serait derrière nous ). Nous les rappelons avec grand plaisir, et ce sera Brahim Alham de Dick Annegarn. Autant dire que ce trio ne fait pas dans le médiocre.

Atelier du Plateau
Rue du Plateau, 75020 Paris


https://atelierduplateau.org/