Reporter-photographe, Christian Ducasse revient sur son périple estival.

À l’automne 2012, Christian Ducasse proposait son copieux journal de l’été. Échos des événements qui ont marqué son itinéraire dans l’Hexagone...
Mise à jour avril 2023.

Lorsque l’été pointe son nez il convient de s’informer au mieux. Tracer une route, dénicher l’inédit, détecter de nouvelles tendances … le magazine Jazz News participe avantageusement de cette démarche.

22 juin : présence inédite de Louis Sclavis au Sunside. Ne jamais renoncer et affirmer son identité semble le leitmotiv du clarinettiste infatigable depuis qu’il a quitté le giron du Workshop de Lyon à la fin des années 70. Toujours vert Louis ! (avec Gilles Coronado – guitare - et Benjamin Moussay - claviers).

22 juin : ce même vendredi au sous-sol c’est à dire dans l’historique Sunset, la chanteuse Jessica Fichot présente son univers créé à Los Angeles avec une bande rafraîchissante de copains qui ont fait le déplacement. Sans prétention mais dans le bonheur du live.

28 juin : premier et grand rendez-vous estival sur l’île du bonheur de Samois-sur Seine. On ne le soulignera jamais assez mais un beau festival se doit de posséder un public au diapason. Celui dédié à Django Reinhardt reste un des plus exemplaires dans sa diversité, son enthousiasme, sa liberté aussi.

28 juin : figure du style "Gypsy" Angelo Debarre fait des heures sup’ sans compter dans les allées du festival Django Reinhardt croisant sa guitare avec des inconnus.

28 juin … ces inconnus qui s’en donnent à cœur joie dans la célébration d’un genre devenu celui du moment sur au moins quatre continents. L’Afrique résiste encore.

28 juin : tout au long de l’été les leaders ont la pression. Qu’en est-il des sidemen ?
Pierre Boussaguet fait partie de ces indispensables, ceux sans qui le swing ne jaillira pas.
Avec Boulou et Elios Ferré il affirmera sa classe dans la sérénité.

28 juin : Sur le versant haut de gamme de la guitare grand public Al Di Meola peut s’autoriser une apparition solitaire. À Samois il nous gratifia de la présence lumineuse de Kevin Seddiki à ses côtés, soit une certaine idée du luxe.

28 juin : programme roboratif sur l’île du Berceau, prévoyez un hébergement de proximité. Surtout quand Ibrahim Maalouf pas peu fier de sa nouvelle tenue de scène genre pyjama cosy (c’est lui qui l’affirme) monte sur scène avec sa troupe incluant le brillant pianiste Yvan Robillard.

11 juillet : fin des classes "standards" pour Mario Canonge et Michel Zenino pensionnaires du mercredi au Baiser Salé. Le grand succès parisien de ces dernières années, plusieurs saisons et toujours plébiscités par la directrice Maria Rodrigues et un public fidèle. Retour du duo en octobre.

11 juillet : chaude ambiance au Sunset où chaque apparition du batteur Ari Hoenig suscite l’effervescence. Nouvelle preuve en trio avec Géraud Portal qui monte sans cesse en grade et Gilad Hekselman un guitariste riche en couleurs issu de la nouvelle génération newyorkaise.

12 juillet : le haut de l’étagère (Top Shelf) sur le podium du Sunside. Une des formations les plus passionnantes de ces quinze dernières années : Brian Blade Fellowship. Jouant dans une quasi obscurité le maître du drumming délivre une musique essentielle.

12 juillet : Myron Walden sax alto et clarinette basse, Melvin Butler sax ténor, Jon Cowherd piano et Chris Thomas contrebasse affirment les compositions de Brian Blade dans une intensité créative rare. De vrais camarades.

17 juillet : "Nous n’irons pas à New-York" affiche la réclame. C’est bien dommage, mais privés de Big Apple les privilégiés de l’Olympia se paient une sacré tranche de haute gastronomie musicale dédiée à la guitare. Mike Stern n’en reviendra jamais des chorus de Bireli Lagrène. Et que pense le batteur Dave Weckl ?

17 juillet : qui dit soirée de rêve, induit générosité de certains mécènes. Gérard Brémond détient incontestablement le maillot jaune en la matière et lui-même guitariste à ses heures a plaisir à dialoguer avec le maestro Larry Coryell une des étoiles de la Guitar Night.

18 juillet : RH Factor au New Morning archi-bondé trois soirées de rang. Roy Hargrove même en petite forme communique au plus près son groove à des fans jamais rassasiés.

19 juillet : Errobiko festivala dans le village magique d’Itxassou : rencontre radieuse de trois improvisateurs. Bojan Z, Michel Portal et Ramon Lopez, un des sommets de la liberté architecturée.

19 juillet : Hôte qui donne de sa personne, Beñat Achiary lance son chant au dessus de la musique de ses invités (Portal, Bojan et Lopez). Une voix unique imprégnée de secrètes révoltes solidaires du pays basque. A écouter et ré-écouter "Les Voix d’Itxassou" de Tony Coe (nato).

20 juillet : parfois on s’interroge sur des figures disparues. Et untel que fait-il ? Est-il toujours de ce monde ? David Holmes est régulièrement à Itxassou, il apparaît à la dérobée délesté de ses tambours d’antan, une clarinette à la main. Nombre de ses compagnons ont vraiment disparus : Lol Coxhill le dernier en date.

20 juillet : au fil des éditions de l’Errobiko festibala des personnages marquent les lieux de profondes empreintes. Retenons celles du danseur Mizel Theret, de l’inclassable Mixel Etchecopar (ici à la clarinette) ou de l’accordéoniste Jean-Christian Irrigoyen, sans ces basques cette fête ne serait pas si éclatante de beauté.

20 juillet  : Didier Lasserre n’est pas un esprit cogneur mais donne à son instrument toute sa place dans le champ des tambours battants. Ici à Itxassou demain à Uzeste.

21 juillet  : le chant et la danse signent l’identité de l’Errobiko festibala. La plupart des concerts sous le toit d’Atharri sont propices à de gros happening d’un public acteur comme ce soir autour Philippe de Ezkurra à l’accordéon et Beñat Achiary au tambour.

22 juillet : nouveau bienvenu dans le paysage estival le "Saint-Emilion Jazz festival" aura marqué les observateurs avisés. Grâce à la générosité d’un mécène ambitieux (Dominique Renard) le bourg déjà féérique fut illuminé par des artistes en verve.

22 juillet  : Yaron Herman en solo : pas forcément de tout repos pour l’intéressé qui n’a de cesse de transformer des matières premières musicales. En soirée les voix d’Alex Ligertwood (Troc) et celles du Earth Wind & Fire de Al Mc Kay ont porté haut l’ivresse collective.

22 juillet : André Ménard, pilier du monstrueux festival de Jazz de Montréal savoure l’excellence du lieux. Une suavité inconnue outre-Atlantique traduite lors de cette première édition par de beaux moments autour de Jacky Terrasson (Michel Portal, Glenn Ferris ou Cecile Mc Lorin-Salvant la chanteuse à suivre) et Alan Broadbent en solo.

23 juillet  : chez lui à Saint-Emilion, Robert Parker (à droite) fête discrètement son anniversaire avec à ses côtés un copain moins anonyme que lui dans l’univers du jazz : Tommy LiPuma. Cette paire présidait dans l’honneur ce premier cru déjà classé d’un festival qui à bien des égards pourrait en modéliser bien d’autres.

27 juillet : éternel retour rue des Lombards pour un des moment rares de l’été 2012. Ran Blake se produit en duo avec la chanteuse Sara Serpa et en guest Aaron Hartley au trombone. Magnifiques échanges autour d’un singulier qui venait d’enregistrer à Bruxelles en compagnie du saxophoniste Ricky Ford.

27 juillet : les deux sets de Ran Blake et Sara Serpa se poursuivront dans de grandes effusions devant le Sunside. Comme nombre d’admirateurs le blogueur "de choc", Pierre de Chocqueuse déborde d’éloges vis à vis de l’ancien partenaire de Jeanne Lee.

11 août : que font ces quatre étoiles au milieu du jardin Dior de Granville célébrant "Stars en Dior" ? Au lendemain de leur concert à Marciac, Hans Van Oosterhout, Jacques Schwarz-Bart, Baptiste Trotignon et Thomas Bramerie s’apprêtent à marquer l’histoire du jeune festival Jazz en Baie.

12 août : présents à Jazz en Baie, Cedric Caillaud, Christian Escoudé et Fiona Monbet quittent momentanément l’univers de Brassens et de la Monaco du Nord pour regagner Paris par l’Intercités.
Une autre aventure pour ces gens du voyage.

12 août : le jazz dans la baie du Mont Saint-Michel ce fut d’abord les riches heures du Bec de Jazz et de son animateur Hervé Hec (à droite) ici à quelques minutes de s’élancer pour une partie de pêche en compagnie de Joséphine Pannard et Jacques Schwarz-Bart qui prolonge l’émerveillement.

22 août  : peut-être le trio le plus déluré de l’été, trois hurluberlus qui déjouent les codes.
Wayne Krantz le guitariste qui transperce l’histoire de l’instrument en compagnie du batteur Nate Wood (au centre) et du bassiste Tim Lefebvre (à droite). Encore une soirée hot au Sunside !

22 août : J’interroge cette célébrité sur son look. L’interpellé me glisse qu’il pense passer ainsi inaperçu, et c’est le cas, pour venir entendre le batteur Nate Wood avec qui il vient d’enregistrer son prochain album à paraître chez Universal.

23 août : Uzeste : "un carrefour avec des accidents" dixit Bernard Lubat. Mais également beaucoup d’amitiés, d’échanges, de prises de risque comme ce soir avec le comédien Richard Borhinger.

23 août : côté coulisses de la Hestejada de las Arts : le père et le fils, Bernard et Louis, soit un des secrets du renouveau d’Uzeste. Plutôt une renaissance tant la nouvelle génération s’investit avec ferveur au service des historiques sans qui rien n’adviendrait.

24 août : question entendue dans la capitale. Y avait-il du monde à Uzeste ? Du monde et du beau monde. Au milieu des masses : trois historiques du festival de Nîmes (années Guy Labory) Stéphane Kochoyan aujourd’hui à la tête de grosses machines (Orléans et Vienne) en compagnie des critiques Pierre-Henri Ardonceau et Robert Latxague.

24 août   : Lorsque Archie Shepp apparaît on est proche des sommets. Soutenu par un band déterminé dont Louis Sclavis, André Minvielle … les souffleurs de braises Bernard Lubat, Beñat Achiary, Fabrice Vieira et la présence sur scène et à la contrebasse de l’envoyé spécial du journal Le Monde : Francis Marmande. Sur la même scène les futurs avant-gardistes de la génération Los Gojats dont Paolo Chatet à la trompette.

4 septembre : Jazz à la Villette : de l’intime au pur délire de la Grande Halle où Larry Graham revient aux affaires dans un show exemplaire de progression dramatique. Il faut encore compter sur le prophète de la basse électrique qui fera le bonheur des programmateurs. Un coup imparable.

5 septembre : Jazz à la Villette versant intime. Qu’échangent Lee Konitz et Geri Allen avant leur prestations en duo (Dan Tepfer pour Konitz, Kurt Rosenwinkel pour Allen) ? Téléphone et e-mail sur des partitions car ces deux-là ne sont pas déconnectés même si à a Cité de la Musique ils joueront "unplugged".

6 septembre : Jacky Terrasson - Stephane Belmondo : la bonne connexion ? Au coeur de la répétition les deux compères gardent le fil du net ou du réseau via leur téléphone intelligent. Alentour : Michel Portal, Cecile Mc Lorin-Salvant, Minino Garay, Earl Travis et Justin Faulkner peaufinent leur son.