BILL PIERCE Jazz à l’ECUJE

Jeudi 22 mai 2025

Bill Pierce saxophone ténor
Olivier Hutman piano
Thomas Bramerie contrebasse
Jean-Pierre Arnaud batterie

Il convient en premier lieu de saluer le discours du directeur de l’ECUJE, ce lieu indispensable à la culture et surtout à la compréhension entre les peuples. Un discours d’apaisement et de responsabilisation de chacun à son niveau, en ces temps particulièrement sombres de déshumanisations. Le pire étant l’indifférence, rester éveillé c’est faire face aux souffrances du monde, et faire œuvre de résistance. Saluons également en ce lieu et cette belle salle de concert ces moments jazz, cette musique où peuvent se croiser des personnes qui ne se seraient peut-être jamais croisées, dont les parcours sont à l’opposé les uns des autres et se retrouvent là au milieu des blues. Mesurons notre chance.

Bill Pierce est ce musicien qui nous touche, discret, ayant joué dans les plus grandes universités que le jazz ait connu : les Jazz Messengers, le quintet de Tony Williams, Freddie Hubbard, Marvin Gaye, Stevie Wonder, Roy Haines, Elvin Jones et bien d’autres. Un parcours riche résultat d’une lignée qui remonte aujourd’hui à plus d’un siècle d’histoire de cette musique et du saxophone ténor. Certes il n’est pas celui qui a inventé le sax ténor comme Coleman Hawkins, ni réinventé cet instrument comme Sonny Rollins ou John Coltrane, il n’a pas plus trouvé un langage qui aurait fait de lui un génie à suivre, ni fait la une des revues spécialisées, il serait plutôt un passeur, un de ceux qui absorbent et poursuivent l’histoire du jazz et qui la transmet aux futures générations (dont Mark Turner et Miguel Zenon).

L’âge venant il n’a peut être plus la fougue et l’énergie que demande le Bebop, ses prolongements et multiples dérivés, mais la musicalité est toujours là. Aussi en cette soirée nous avons eu la chance d’entendre un Olivier Hutman des grands soirs, parfait sur le blues et l’agencement de ses solos, renforcé par une rythmique solide et inspirante, mais quand on est entouré de Thomas Bramerie et Jean Pierre Arnaud on est en pleine confiance certain des interaction et jouage ingrédients indispensables à cette musique. Un concert plein de verves où Bill Pierce arrive au bout de lui même physiquement. Tel est cet art exigeant de l’improvisation sur des formules entendues et ré-entendues mais qui ne se démodent jamais, tels sont les gestes et les obligations de ces musiciens qui ne se dérobent jamais, allant parfois jusqu’au bout d’eux même sans rien céder aux facilités. C’est une leçon.

Ne rien céder aux facilités qui nous feraient abandonner d’un haussement d’épaule toute humanité, sachons ne jamais ne nous y abandonner.


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