L’autobiographie d’Eric Le Lann est un vrai plaisir de lecture
Scorpion ascendant Belon
Eric Le Lann
Frémeaux & associés, 152 pages
Après avoir récemment lu la biographie de Jimmy Gourley par son épouse, une biographie à la chronologie parfaite, je viens d’achever l’autobiographie d’Éric Le Lann. Pour le coup, à chaque chapitre, le calendrier se prend une bonne baffe ! Ca part dans tous les sens et on pourrait croire qu’ils sont plusieurs à se refiler le bébé (un solo par ci, un autre par là) et je me souviens soudainement d’une autre autobiographie lue récemment où l’ordre des temps était indicatif… c’était quoi déjà ? Qu’était-ce donc ? Ah oui ! Martial Solal. Comme c’est étrange, n’est-ce pas ? J’avais trouvé son bouquin très jazz, une playlist de souvenirs à jouer comme on le souhaite. Il en va de même du livre d’Éric Le Lann et c’est très rafraichissant. Les deux ont évité le conservatoire et la musique, le jazz, les a réunis. Si le lecteur oublie cette similitude entre les deux ouvrages, il se rendra vite compte que le trompettiste possède une vie propre, bien remplie, et que la langue bois n’est pas son fort, loin s’en faut et c’est tant mieux. Comme on dit l’attaque est franche et ça sonne tout de suite. Un vrai bonheur, vous dis-je. Du pur jazz avec une forme bien charpentée et un fonds riche d’expérience, qu’elle soit musicale ou humaine, ou les deux à la fois puisque c’est la seule façon de raconter des histoires qui intéressent l’auditeur / spectateur qui aime cette musique. D’ailleurs, Éric Le Lann a cette formule lapidaire qui devrait être gravée au fronton de tous les départements jazz de tous les conservatoires : « Le jazz sans risque, c’est du bal musette. » Clair, net et précis. Bien évidemment, vous croiserez dans ce livre quelques jazzmen légendaires, Chet, Michel Grailler, Archie Shepp, Martial Solal et trois dizaines de plus, qui nous font apprécier à sa juste valeur le parcours du trompettiste breton. Tiens je vous pose la question : le jazz serait-il une autobiographie instantanée sur scène des jazzmen, avec leur perfection et leurs failles ? Quoi qu’il en soit, Scorpion ascendant Belon est une saine lecture que je vous recommande grandement.
