Exposition sans tableau

Etonnant et incoercible Martial ! Toujours le même et toujours différent à chaque nouvelle prestation, que ce soit en solo, duo, trio (son mémorable concert avec les frères Moutin cet été à Juan-les-pins), quartette, orchestre grand ou petit… les exemples sont nombreux. Solal tel qu’en lui-même au fil des années, depuis ses débuts de musicien professionnel en 1945 jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à demain, à l’orée de ses quatre fois vingt ans (en août prochain). Pour cela, le travail tous les jours avec la volonté chevillée au corps de se renouveler à chaque fois, se remettre en question jour après jour, bref de ne jamais s’endormir sur des lauriers que le monde du jazz du monde entier lui tresse depuis un demi-siècle à juste titre.

Martial Solal Newdecaband
Nocturne 2006

Cette fois, plus de do avant le déca, le groupe est passé du douze au dix avec quelque chose de nouveau, le new… et, remarque-t-on à la première audition, l’absence de saxophone et l’apparition d’une voix, et quelle voix, celle de sa fille Claudia (déjà remarquée dans son duo avec le pianiste Benjamin Moussay dans Porridge day), donc un « son » différent bien que l’écriture et les arrangements soient immédiatement identifiables et parfaitement identifiés.
Pour cela notre Martial inter/national a fait appel à de nouveaux musiciens (le corniste Lionel Surin, le bassiste Jean-Philippe Morel) et conservé les fidèles de longue date (le trompettiste Eric Le Lann, le tromboniste Denis Leloup).
J’aime la permanence su tempo, amos aussi les coupures rythmiques… j’aime la diversité, la variation assure M.S…. et là, c’est à profusion, jeux savants, entrelacs, jaillissements, subtilités, swing constant… et je n’emploie pas tout le vocabulaire employé souvent sur son talent et qui l’agace un peu, on le comprend.

Comme l’écrit si bien Arnaud Merlin dans son texte d’accompagnement : le chef renouvelle avec brio ses procédés, comme s’il les trempait dans une sorte de révélateur moderne… plus loin : attendu par les amateurs autant qu’inattendu dans son contenu, ce nouvel album témoigne mieux qu’un long discours… et c’est pourquoi j’arrête là tout autre commentaire, en recommandant chaudement ce nouvel opus qui tranche singulièrement avec la nouvelle mode dans laquelle se sont engouffrés certains plus jeunes musiciens avec plus ou moins (et plutôt moins) de bonheur.

Martial Solal ou la permanence de la jeunesse !


MARTIAL SOLAL Newdecaband - exposition sans tableau

> Nocturne NTCD 401 - distribution Nocturne.

Martial Solal (piano, compositions), Claude Egea et Eric Le Lann (trompettes), Lionel Surin (cor), Claudia Solal (voix, texte en 3), Denis Leloup et Marc Roger (trombones), François Thuilliez (tuba), Thomas Grimmonprez (percussions), Jean-Philippe Morel (basse électrique et acoustique)

1/ Incoercible (soliste, Eric Le Lann). 2/ Western (soliste, François Thuilliez). 3/ A frail dance (solistes, Denis Leloup et Claudia Solal).
4/ Cortancyl (soliste, Martial Solal). 5/ Exposition sans tableau (soliste, Claude Egea). 6/ Lamblike.

Enregistrement en décembre 2005


Lien :

http://www.nocturne.fr