Aaron Goldberg, Reuben Rogers et Greg Hutchinson, le même soir au même endroit, ça ne se refuse pas.
> Lausanne, le 18 décembre 2010
Avant les fêtes, un petit tour au Chorus de Lausanne est toujours bienvenu. Le menu y est toujours consistant : une bonne manière de se préparer à des agapes moins auditives. Mais quitte à rester longtemps attablé dans les jours à venir, autant avoir quelque chose de beau à raconter. Ce qui est notre cas.
La technique impressionne toujours. Nous avons beau être habitué, de concert en concert, à écouter des musiciens exceptionnels, nous nous surprenons encore à être étonnés. Certes il faut plus qu’une incroyable dextérité pour nous épater. Nous apprécions la subtilité, la finesse, en toute circonstance. Nous aimons que la connivence soit manifeste entre les protagonistes, que ces derniers démontrent à l’envi que rigueur et plaisir de jouer sont inséparables. Nous sommes également heureux quand les musiciens ont un sens de la mélodie hors du commun. Cette dernière occurrence liée aux précédentes peut créer un alliage musical qui flirte avec l’invraisemblable.
Le trio dont nous avons savouré chaque note samedi dernier joue dans cette cour très prisée dont les membres ont en commun d’être, par la musique, doués de capacités singulières et inaccoutumées. Le toucher profond d’Aaron Goldberg, son sens de la composition, son approche personnelle des 88 notes, entre pudeur et jaillissement, le démarque immédiatement. Reuben Rogers, contrebassiste au doigté aussi rugueux que fertile dans l’innovation mélodique n’est pas non plus de ceux que l’on oublie. Greg Hutchinson, dont on déplore quelquefois l’énergie, trouve avec ses deux complices sa juste place : celle d’un batteur à l’écoute capable de tout jouer, du plus ténu au vrombissant, sans jamais se départir du drive.
L’empathie qui caractérise ce trio se transmet au public sans effort. Que les musiciens abordent Wayne Marsh où des compositions originales, la forme est si pleine et le fond si dense que chacun dans la salle en sourit d’aise. Deux sets plus tard, pour clore une soirée marquante, Aaron Goldberg a joué le second rappel en solo et ajouté au magistral le décisif, avec une irrécusable simplicité.
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