Le festival "Jazz en Tête" (Clermont-Ferrand) invitait le saxophoniste Charles Lloyd et le pianiste Vijay Iyer le 19 octobre.
Clermont-Ferrand, mercredi 19 octobre 2011
Charles Lloyd : saxophnoe ténor, flûte, percussions
Jason Moran : piano, percussions
Reuben Rogers : contrebasse
Eric Harland : batterie
Au festival Jazz en Tête de Clermont-Ferrand, comme partout ailleurs, Charles Lloyd est venu donner du sens à la musique. Accompagné par Jason Moran, Reuben Rogers et Eric Harland, il a offert un concert mémorable de générosité et d’originalité. Car le saxophoniste de Memphis est à part, nous le savons depuis longtemps. C’est bien ce qui fait la différence. À part ne signifie pas cependant écarté du reste. De fait Charles Lloyd est sans égal. Intensément atypique, il met sa vie en musique et ne se soucie ni des modes, ni des courants. Il a son propre courant qui le porte depuis plus de cinquante ans et au sein duquel il développe un univers mélodique qui touche au cœur. Avec une âme de défricheur de territoires intimes, il atteint aujourd’hui à des sommets que seuls les grands tutoient. Au diapason des musiciens qu’il choisit, et la liste de ceux qu’il a révélés est longue, il donne à écouter les pulsations vitales d’un univers sonore dédié à la liberté d’être. Il suffit de regarder le quartet fonctionner sur scène pour s’en convaincre. La fluidité et l’échange ne souffrent aucune contrainte.
L’alchimie fait le reste. Le résultat met le public debout.
_Charles Lloyd, c’est un son porté par un rêve. C’est un rêve sonore. Sa complexité, sa technicité, s’effacent naturellement devant l’évidence de la quête ; une quête qui parcourt les moindres résonances de son ténor, de sa flûte. De scène en scène, Charles Lloyd creuse dans ses abysses à la recherche de ce son qu’il définit lui-même comme son pays. Trop ailleurs pour être de ce monde, il est parmi nous grâce au miracle musical qu’il accomplit à chacune de ses prestations. Dégagé de bien des contingences, c’est dans la fibre qu’il rejoint ses semblables, par une émotion musicale féconde. Celui qui donne tout n’abandonne rien, dit-on. Peut-être est-ce là que se niche le miracle lloydien.
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Vijay Iyer : piano
Stephan Crump : contrebasse
Marcus Gilmore : batterie
Initialement programmés avant Charles Lloyd, le pianiste Vijay Iyer et ses complices Stephan Crump et Marcus Gilmore sont arrivés d’Istanbul in extremis en milieu de soirée après quelques soucis d’avion. A la suite d’une balance réalisée en deux ou trois minutes, le trio s’est lancé dans un concert aux atmosphères variées. Fin connaisseur de son clavier, Vijay Iyer ne manque pas d’atouts. Il se situe néanmoins dans courant actuel où la mélodie n’est pas souvent le propos principal d’une musique dont les développements s’organisent autour de crescendos à notre sens un peu redondants. La partie n’était cependant pas facile à jouer après le quartet de Charles Lloyd. Les conditions dans lesquelles ils l’ont donnée leur confèrent également le droit à l’indulgence, d’autant plus que ce n’était pas un mauvais concert et que, sur certaines compositions, le trio fit preuve d’originalité.
Nous les reverrons bien sûr pour mieux les apprécier.
Nous n’avons fait qu’une visite à Jazz en Tête cette année. Nous le déplorons car l’accueil est toujours à la hauteur et les conditions de travail excellentes. Nous ne manquerons pas la 25ème édition de ce festival de jazz qui programme du jazz, ce qui mérite d’être signalé, remarqué et encouragé, par les temps qui courent.
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