The Carnegie Hall concert

D’instant en instants

Après Bremen et Lausanne (1973), Köln (1975), les Sun Bear Concerts au Japon (1976), Bregenz (1981), Paris (1988), Vienne (1991), La Scala (Milan 1995), Tokyo (2002, Radiance ; en DVD, Tokyo Solo) voici un nouveau concert à New York cette fois, à l’auditorium Isaac Stern du Carnegie Hall, légendaire salle de concert (premier concert en solo du pianiste aux Etats-Unis depuis dix ans).

Keith Jarrett alterne ses prestations, soit en solo, soit en trio avec Jack DeJohnette et Gary Peacock avec lesquels il interprète (et renouvelle) les standards de toujours. On peut préférer, et c’est mon cas, la deuxième formule (contrairement à certains qui prétendent qu’il s’obstine et n’a plus rien à dire !), ses voyages en solitaire présentent une autre face du pianiste : l’improvisation spontanée (il y a des improvisations « écrites » ou répétées) qui peut se résumer, ainsi que l’exprime Wayne « le grand » Shorter : composer c’est improviser, en plus lent, belle formule (qu’on doit aussi inverser) ou une autre, de lui-même : l’improvisation est la seule façon d’être fidèle à soi-même (dans une interview accordée à Poala Genone).

The Carnegie Hall Concert - ECM

Là, comme pour Radiance, pas de titres pour ces 10 parties numérotées de longueurs variables, de 3:03 à 9:18, mais par contre une tonalité générale différente, plus radieuse ( ! ), plus détendue, beaucoup moins sombre ; il y a dans (presque toutes) ces parties un chant constamment affermi et affirmé, qu’il soit gospelisant, grandiloquent, méditatif ou une sorte de promenade agreste, de flânerie où la main gauche souvent prégnante, grondante, insiste ou virevolte quand ce ne sont pas de l’autre main déluges, fusées, ricochets, dérapages ou glissements en notes souvent aériennes…

On pourra, comme je le fis, réécouter les concerts cités plus haut, parcourir ainsi l’œuvre entier de celui qui demeure l’un des plus grands improvisateurs en solitaire de tous les temps.

A l’occasion du centenaire de Dimitri Shostakovitch (1906 – 1975), ECM réédite les 24 Préludes & Fugues op.87 composées en 1950 -51 enregistrées par Keith Jarrett à la Salle de Musique de La Chaux de Fonds en juillet 1991.

A l’intention des mélomanes :

Une écoute attentive des œuvres de ces deux grands musiciens pourra vous porter parfois à extrême confusion ; en effet, on peut se demander si certaines pièces écrites par le compositeur russe ne sont pas des improvisations de Keith Jarrett…
ou l’inverse !.


double CD ECM 985 622-4 - distribution Universal

> Piano solo enregistré live à l’auditorium Isaac Stern le 26 Septembre 2005 Suite composée de 10 pièces + rappels (The Good America, Paint my Heart Red, My Song, True Blues, Time on my Hands).