"Du lourd" léger, du lourd aérien, gracile et fin...

Steve Kuhn

Steve Kuhn (1938), Buster Williams (1942), Billy Drummond (1959), tel était le trio du jour à l’AMR de Genève hier soir, 21 mars 2014. C’était du lourd donc, comme on dit entre collègues, au bar après le concert. Et l’on ajoute : du lourd léger, du lourd aérien, gracile et fin. Du lourd tendance intense et dense, du lourd qui s’appuie sur des décennies de pratique, sur une approche sans cesse renouvelée du standard comme de la compo originale.
Bref, une musique identifiable entre toutes, intemporelle et sans égale.
Ça, c’est dit et écrit. Ceux qui ne la reconnaissent pas peuvent changer de site.

Buster Williams

Bien qu’amenuisé par une opération du dos subie cinq semaines auparavant, Steve Kuhn n’a pas fait de figuration, loin s’en faut.
Devant une salle comble, lui et son imparable rythmique ont délivré un set qui s’est approché de la perfection formelle, le tout sans esbroufe, au service d’un néo-classicisme qui ne survit de nos jours que grâce à une brochette de vieux briscards, tenants d’une certaine idée du jazz.
Et les éternelles questions reviennent : doit-elle perdurer cette idée ancienne ? Doit-elle s’effacer devant la modernité ?
Est-ce un combat d’arrière-garde ?
À vrai dire, on s’en fout un peu. Nous, on aime la rugosité des doigts de Buster, ce côté roots d’un son identifiable entre mille autres.
On aime aussi la dynamique aussi pêchue que souple du jeune Billy et l’incomparable aisance du vieux Steve dont les regards furtifs vers ses acolytes assurent la cohésion du trio.
Ça coule de source et le public baigne dans son jus, en redemande et sort du club avec un sourire qui en dit long. C’est bien là l’essentiel, cette empathie particulière entre inconnus qui nous sort du quotidien, en toute simplicité. La musique sans âge que proposent ces trois-là, elle possède ce mérite : celui de ne pas laisser passer l’obscur et cette insoutenable lourdeur de l’être quand il s’éloigne de l’adjectif " humain " qui devrait toujours le qualifier.

Billy Drummond

Nos souriants hommages à l’AMR pour la qualité de son accueil et la chaleur du lieu. Nous avions vu dans cette salle par le passé le trop rare Pat Martino. Nous y retournerons avec plaisir fin avril écouter le duo Marc Copland / John Abercrombie.


> L’AMR  :
Créée en 1973 par des musiciens passionnés par la scène des musiques de jazz et d’improvisation, l’Association pour l’encouragement de la Musique impRovisée (AMR) a milité pour la création et le développement d’une scène musicale genevoise et organisé régulièrement des concerts et des ateliers de musique.

Ses actions se développent sur 3 axes :

  • La diffusion (festivals, concerts, jam sessions...) ;
  • Le travail pédagogique : ateliers de pratique musicale en orchestre, stages, cursus professionnel...
  • L’animation et la gestion du « Sud des Alpes », le centre musical de l’AMR à Genève.

> Toutes les informations utiles et nécessaires se trouvent sur le site de l’AMR : www.amr-geneve.ch


> Liens :