ou la part du jazz sous les pommiers....

Il fut un temps où à force de ferrailler contre lui-même le jazz était menacé -privé de ses spectateurs- de se retrouver « sans famille » ou de jouer « en famille » entre musiciens. Conscient de ces risques, le responsable depuis toujours –ou presque- du festival Jazz Sous Les Pommiers, Denis Le Bas, a bien raison de re-préciser dans un entretien paru dans le numéro de ce mois d’avril de Jazz magazine, la sociologie des spectateurs qui ont au fil des décennies ont établi la pérennité de ce festival né dans un lieu où il y avait plus de pommiers que de jazz.

Ce n’est donc pas le moindre des mérites de ces infatigables acteurs de ce festival, directeur et bénévoles compris, que d’avoir réussi à convaincre un public qui connaissait peu ou pas le jazz du plaisir de la découverte et de renouveler cet exploit annuellement depuis 34 ans..

À un moment donné se pose ainsi la question du renouvellement des musiques proposées. Nous disons des musiques puisque le jazz au pluriel et les musiques cousines sont évoquées dans cet entretien mais aussi parce que le jazz semble devenu minoritaire ou en passe de l’être.
Certes dans le jazz, les formations sont à géométrie variable et les associations de musiciens constituent souvent autant de découvertes. Néanmoins à l’écoute du double CD distribué par le festival à l’occasion de cette nouvelle édition, on entend plus de cousins que de parents fondateurs. Ainsi sur les dix neufs titres que compte le premier CD, dans les dix neufs formations, on trouve bien le violoniste, Didier Lockwood, le saxophoniste Kenny Garrett, le pianiste Jacky Terrasson, le fils contrebassiste du grand Clint, Kyle Eastwood, le saxophoniste Guillaume Perret… mais plus de la moitié des formations relèvent des musiques dites « cousines » parfois germaines voire issues de germaines.
À force en effet de convoquer les musiques cousines -même si son directeur tient à préciser que l’ouverture de la famille a ses limites- on risque de se retrouver dans un festival entre cousins et… sans famille (de musiciens cette fois) et de réduire le jazz à la portion congrue au nom de sa famille nombreuse.

Affaire de famille à suivre.