vendredi 11 décembre 2020

Annulation en mars à trois pattes, annulation hot en mai au Club de Lyon, Julie Campiche est possiblement un fantôme de jazz, mais c’est le virus le fautif, pas elle. Et ce 19 décembre 2020, je l’espérais encore, désespérément, et le tripode canin aussi (si sa démarche hésite, ses dents sont bien là car il ne lâche rien). La harpiste allait-elle surgir d’entre ses cordes ? Que nenni. Par la grâce de nos abrutis gouvernants mal élus, l’événement fut une fois de plus repoussé aux calendes grecques. Ça commence à bien faire dirait le bon peuple. Et de quoi se plaint-il le bon peuple de France ? Je vous le dis tout net : il n’est jamais content. On lui donne le droit d’aller bosser à l’usine, on lui permet de se coucher tôt, il peut aller à la messe (what the mess is this ?) et on l’encourage à célébrer la naissance de l’enfant Jésus avec ses proches. On lui évite les miasmes de la culture, les fêtes païennes de fin d’année qui dégénèrent et les dangers nocturnes de la route. Bref, on le protège et il chougne comme un sale gosse. C’est quoi ce bordel ? Ce n’est pas si souvent qu’un ramassis d’incultes peut faire du néo-pétainisme en toute tranquillité. Tout fout le camp, vous dis-je. Bon d’accord, le soir, quand je parle à mon appareil photo, que je caresse son déclencheur, il m’arrive de presque l’entendre s’interroger : « miroir, mon beau miroir, où sont-ils tous et à quoi sers-je » ? Et quand je zieute les lentilles de mes objectifs, j’ai le diaphragme qui se sert malgré moi. Pour sûr, j’ai l’air d’un con. Mais c’est mon côté Nikon ni soumis à la démocrature du bénitier royaliste et de la francisque réunis qui fait des siennes. Je vais illico m’inscrire à un camp de redressement (le seul moyen de revoir mes potes jazzeux). Ensemble nous ferons du point de croix autour d’un feu de camp. Et si Hamster Jovial traine par-là, on se fera fourrer un peu plus. Mais à la Roselyne cette fois. Ça c’est nouveau ! Et « dans le cul la balayette », c’est plus que politiquement incorrect (et old fashionned). On progresse vous dis-je. On avance à très grandes enjambées (entre six et vingt heures). Ils entreprennent de nous faire voyager vers l’oubli, de noyer nos imaginaires, notre créativité et la joie du partage, dans le puits sans fond de leur crasse indifférence, de leur brutale ignorance. Soyons sérieux un instant, croient-ils vraiment que c’est possible ? Si tel est le cas, ce n’est pas une couche qu’ils tiennent là, c’est un blindage… Remarquez, si la connerie est un virus, dans un avenir meilleur, on sera débarrassé. En toute honnêteté, bien que les utopies m’émeuvent encore, sur ce point précis, je m’autorise un léger doute. Car ne nous méprenons pas. Le virus leur permet de faire paisiblement ce qu’ils rêvaient de faire par le passé sans l’oser, c’est à dire table rase de l’intelligence humaine d’où qu’elle vienne. Ils nous voient en masse informe, celle qui n’a pas d’âme et que l’on pétrit comme on veut. En la mettant dans le pétrin. Allons chers sœurs et frères d’infortune, pauvres illuminés de tout crin, tendons vers cet état de béatitude où rien n’arrive jamais. Et demain vous pourrez dire : je ne pense plus donc je suis (je pense donc je sus), et pour compenser, je dépense donc je suce. Si j’osais, j’écrirais que cela pourrait nous rester en travers de la gorge. Mais là, ça fait beaucoup, non ? Surtout que mon téléphone vient précisément, à cet instant, de me rappeler que ce soir, je devais aller m’esbaudir à l’opéra de Lyon pour écouter et photographier le lumineux trio de Vincent Courtois, Robin Fincker et Daniel Erdmann rendant hommage à Jack London. Aie !


https://www.juliecampiche.com/fr/Quartet
http://vincent-courtois.com/
https://www.robinfincker.com/fr/accueil
http://www.daniel-erdmann.com/Home.html