CHICK COREA

par Ludovic Florin
Editions du Layeur, 280 pages

Chick Corea, disparu en février 2021, tient une place non négligeable dans le jazz de la seconde moitié du vingtième siècle. Le livre que lui consacre Ludovic Florin, musicologue, lui rend un hommage nécessaire, que l’on apprécie ou non le pianiste, car son grand œuvre polymorphe demeure à jamais impressionnant. Du latin jazz au flamenco, du mainstream au free en passant par l’électrique Return to forever, Chick Corea n’a cessé de renouveler son approche de l’idiome jazz et de ses dérivés sur presque six décennies, quitte à s’y perdre quelquefois (cela n’engage que nous). Apparaissant au final sur quelques trois cents albums, il a démontré que son amour de la musique était plus fort que tout. Rattrapé par la scientologie de Ron Hubbard une époque de sa vie (comme quelques autres jazzmen), il a collaboré à tant de projets qu’il apparait ardu de le représenter en une figure unique dont la musique n’aurait qu’un visage. C’est bien ce que dévoile le livre de Ludovic Florin dont toute l’originalité tient dans sa conception même. Loin de la biographie classique, l’auteur présente l’œuvre du pianiste par ses disques et leurs pochettes ; notons au passage que les années soixante et soixante-dix ne manquaient pas d’imagination quant à leur conception. Classés par thématique, le livre nous rappelle la multitude de rencontres qui ont fondé et fait perdurer la créativité de l’artiste. De Hubert Laws à Stan Getz, de Miles à Gary Burton, de sa rencontre avec Friedrich Gulda qui lui fait redécouvrir Mozart en passant par nombre de collaborations épisodiques et quelquefois anecdotiques, celles et ceux qui ne sont pas des spécialistes de l’œuvre du pianiste y découvriront l’étendue de son travail. Avec une iconographie riche et une mise en page intelligente et plutôt séduisante, l’ouvrage de Ludovic Florin est une somme qui s’intéresse à l’œuvre de l’artiste plutôt qu’à sa personnalité et ce n’est pas plus mal comme cela, surtout dans une époque, la nôtre, où la fouille des poubelles est un sport journalistique, voire même littéraire, dont on se passerait volontiers. Quant à nous, c’est le duo avec Gary Burton qui reste une référence incontournable de notre discothèque. C’est assez réducteur, certes, mais l’ouvrage de Ludovic Florin est là pour supplanter efficacement l’étroitesse de notre choix.


Codicille de l’œil Américain par Philippe Paschel

Il est dommage que pour un tel ouvrage, d’un maniement peu commode (30x30 cm, 2,050 kg, 260 p.) et destiné à la table basse des salles de séjour, un soin plus strict n’ait pas été apporté aux corrections du texte. Pour ne prendre que quelques exemples relevés au fils de la lecture, coquilles sur les noms : Thad Joles (24), Morslav Vitous (51), Larence Marable (62) ; mots ou tournures inadéquates : “flaveur” n’existe pas en français (52), aujourd’hui “tirer sa révérence” signifie partir et non pas marquer son respect (158) ; fautes de frappe : “rpensées” (156), “le solo batterie” (86). Cela aurait pu être évité en ayant eu recours à un relecteur professionnel.
Une édition sans les photos de pochette, dont il est rarement question, avec une vraie discographie que l’a. a certainement dû déjà faire, rendrait l’ouvrage plus accessible.


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