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Détour vers les Pommiers

Vendredi 18 mars 2022

En préambule à cette nouvelle Nuit du Jazz à Caen, un rendez-vous qui devient, lui aussi, un rituel de saison, la présentation de la nouvelle édition de Jazz sous les Pommiers de mai prochain par Denis Lebas, directeur du théâtre de Coutances et du festival.
Fidèle à ses options affichées depuis fort longtemps , cette nouvelle édition se déclinera selon trois axes communs dorénavant aux grands rendez-vous jazzistiques : le jazz proprement dit, américain (Dave Liebman/Randy Brecker/ Marc Copland Quintet, trio Brad Mehldau ) ou bien franco-européen( les trios de Paul Lay et de Laurent Coulondre, Michel Portal…) puis, les musiques cousines (hommages au blues et à la musique brésilienne) et enfin les musiques du monde (ainsi l’invitation faite au Portugal) sans oublier les habituelles « locomotives » (cette année, Ibrahim Malouf, Mélody Gardot). Un montage vidéo d’extraits de concerts a pu donner un avant-goût des festivités aux amateurs présents lors de cette conférence de presse.
Non sans quelques efforts héroïques, l’ensemble des acteurs de Jazz sous les Pommiers était parvenu à sauver son édition 2021 - à la voilure néanmoins réduite - fin août dernier. Tous les espoirs sont donc permis de retrouver la version 2022 dans ses marques, à savoir la semaine du jeudi de l’Ascension (20-28 mai) au grand complet.

Pause.

La Nuit du Jazz peut commencer

En douceur, avec cet enracinement progressif en Orient. Et en profondeur car le parfum distillé avec discrétion s’impose définitivement au fil des morceaux comme étant la marque de fabrique de cette formation qui a pour nom Khalil Chahine Quintet. La première surprise- et non la moindre pour le public caennais- réside dans la découverte d’un musicien local -du moins natif de Caen - inconnu dans les environs, et pour qui cette invitation à la Nuit du Jazz constitue une première sur ces lieux d’origine. Il est vrai qu’il doit son nom Khalil Chahine à son père égyptien et ses attaches aussi. Son nom et son inspiration sont naturellement teintés de nostalgie quoiqu’il s’en défende. Les lieux évoqués, le titre des compositions et bien sûr son jazz métissé d’Orient trouvent leur source dans la mémoire du guitariste compositeur. Qu’importe au spectateur, qui se laisse gagner par ces mélodies et ses arrangements d’une belle subtilité. Et séduire par la couleur instrumentale toute en nuance qui est le fait de chacun des musiciens dans une distribution des rôles tout en équilibre. Une belle découverte.
Fin de la première partie.

Un premier set ,du trio de Jérémy Bruger, démarre dans les foyers de ce même théâtre vite remplis. Retour aux standards réinterprétés avec beaucoup d’intelligence et de conviction. S’imposer dans ce contexte d’entre deux concerts est une gageure pour les musiciens mais le trio piano -basse -batterie s’il n’a pas la puissance de tir d’autres formations instrumentales séduit d’entrée le public.
A suivre donc.

Retour à l’Orient - un poil tapageur - avec le Dhafer Youssef Quartet. Oriental avec le leader joueur d’oud, nordique par le guitariste Eivind Aarset, italien par le clarinettiste Raffaele Casarano et enfin brésilien par le percussionniste Adriano Dos Santos. Les premiers accents musicaux entendus nous le confirment : nous sommes de plain pied dans les musiques du monde. Pourquoi pas ? Ce début en force, les premiers accords d’oud passés, l’ensemble séduit malgré tout. Solo et voix du chanteur musicien suivi d’un dialogue avec un percussionniste virevoltant qui contraste avec les couches électroniques nébuleuses du guitariste et ponctué enfin de chorus du clarinettiste : le public répond présent. Malgré tout, au fil des compositions, l’impression de répétition commence à s’installer puis une certaine lassitude et enfin un sentiment d’ennui. « Le jazzman le plus planant de Tunisie » selon le critique de Télérama finit par nous laisser exténué deux heures plus tard. Et donc dans l’impossibilité d’apprécier, hélas, le second set espéré du trio du pianiste Jérémy Bruger. Dommage.

Jean-Lous Libois : texte
Gérard Boisnel : photographie


Légende photos : Khalil Chahine et Jérémy Bruger Trio.

En revanche, pas de photo, de Dhafer Youssef du fait de son attitude dissuasive à l’égard de notre collègue Gérard Boisnel qui a préféré « ranger son boitier dans son sac » (sic).