Lundi 4, Mardi 5 avril, Hôtel de ville de Caen

Présent, fin mars dernier, sur la scène théâtrale de Cherbourg lors de la création « Music For Large Ensemble » initiée et dirigée par Régis Hudy (culturejazz 01-04-22) et avant de revenir au Théâtre de Caen dans ce même contexte le 28 avril prochain, le contrebassiste a anticipé sa venue en conviant, lundi 4 et mardi 5 avril, les amateurs et les curieux, à sa création en soliste « In Spirit ».
Habitué de nombreux compagnonnages (M. Portal, H.Texier, A. Emler…), Claude Tchamitchian évoque, en guise d’entrée en matière, le voyage, jusqu’à lui, de la contrebasse de cet immense musicien décédé en 1998, Jean-François Jenny-Clarke.
L’émotion qu’elle lui inspire irrigue à l’évidence ses propres compositions car si l’exercice est aride, il y a toujours un moment où il est rattrapé par l’émotion.
La chose n’est pas aisée venant d’un instrument plus familier de la rythmique que de la mélodie. Cependant, qu’on songe aux « Suites pour violoncelle seul » de J-S Bach qui a su faire chanter son instrument comme nul autre. Il est vrai que l’archet y est pour beaucoup.
Quatre compositions se succèdent avec leur inspiration et leur couleur singulières. Si l’on osait, on dirait que les mouvements avec archets évoquent tantôt la beauté épurée de la viole de gambe de Sainte Colombe et tantôt, par leur enjouement, « la musique » (si décriée par ce dernier dans « Les matins du monde ») de son élève gambiste Marin Marais.
Le second solo dédié à l’Arménie (dont est originaire le musicien), qui confirme cette dualité de « In Spirit », se charge d’une gravité et d’accents tragiques.
Après une courte pièce plus enjouée, le concert se clôt sur une pièce où à la tentation de l’épure succède une étonnante vitalité par l’invention et la complexité du jeu avec l’archet de Claude Tchamitchian.
Deux soirées ont ainsi réuni dans la belle salle du Réfectoire (et non dans l’Auditorium du Conservatoire) de l’Hôtel de ville de Caen plusieurs dizaines de spectateurs entre étonnement et ravissement. Car, même si l’austérité n’exclut pas l’émotion et l’épure le lyrisme, une heure de contrebasse en solo reste un spectacle malgré tout exigeant.
Claude Tchamitchian étonné par cette cette nombreuse assistance et son indéfectible attention, remerciait chaleureusement le public.


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