| 00- SUBCONSCIOUS TRIO . Water shapes
| 01- PETER KOGAN . Just before midnight
| 02- KEITH HALL . Made in Kalamazoo, trios and duos
| 03- GABRIELLE CAVASSA


  SUBCONSCIOUS TRIO . Water shapes

DaVinci Records

Monique Chao : piano, chant
Victoria Kirilova : contrebasse
Francesca Remigi : batterie

Ce trio basé en Italie et jusqu’alors inconnu de nos services possède une particularité assez rare en jazz pour être signalée : il est constitué de trois musiciennes. La pianiste vient de Taiwan, la contrebassiste est bulgare et vous la batteuse est italienne. C’est leur premier disque et chacune d’entre elles est aussi compositrice. Le matériau original qu’elles proposent ne manque pas de saveur. C’est un jazz contemporain qui aime développer ses mélodies. Friandes de crescendo, les trois musiciennes en font un usage régulier sans cependant être excessif qui dénote d’un lyrisme somme toute convaincant. De beaux moments lents permettent d’apprécier pleinement le jeu des trois jazzwomen et c’est à l’instant où l’on commence à penser que l’ensemble est consensuel qu’elles sortent du cadre pour aller butiner dans les brisures des sonorités plus aventureuses. L’ensemble de ce premier disque apparaît quant à lui comme une fresque colorée, nourrie d’influences géographiques diverses qui se synthétisent sans efforts grâce aux talents réunis dans ce trio. Sur un titre (qui nous a fait penser à Rebekka Bakken), la pianiste démontre qu’elle également une chanteuse accomplie, ce qui ne gâche rien. A suivre.


https://subconscioustrio.com/


  PETER KOGAN . Just before midnight

Waterloo Records

Mitch Van Laar : trompette
Pete Whitman : saxophone
Nick Syman : trombone
Geoff LeCrone : guitare
Abebi Stafford : piano
Dominic Cheli : piano
Will Kjeer : claviers
Kameron Markworth : contrebasse
Charlie Lincoln ! contrebasse
Peter Kogan : batterie

Voilà un octet jazzy comme on n’en voit plus et qui fait d’abord songer au jazztet ou encore à quelques all-stars avec Dizzy et d’autres avant de nous réorienter vers des influences plus contemporaines. C’est toutefois et assurément du jazz de chez jazz bien emmené sur la route du swing par le batteur leader qui n’en fait pas trop (une fois n’est pas coutume). Avouons-le de suite, nous ne connaissions aucun des musiciens de l’album avant notre première écoute. Comme quoi, on n’a jamais fini de découvrir et de découvrir encore. Tous les arrangements sont du leader et ils démontrent un savoir-faire, notamment dans la complexité d’écriture, qui mérite le détour. Les solistes sont au taquet, la rythmique solide, les harmonies sont léchées et dans son ensemble, le groupe fait preuve d’une belle cohésion. Mais Peter Kogan n’est pas né de la dernière pluie et ceci explique cela. A écouter pour se faire une (bonne) idée.


http://www.peterkoganmusic.com/


  KEITH HALL . Made in Kalamazoo (trios and duos)

Zoom Out Records

Andrew Rathbun : saxophone ténor & soprano, clarinette basse, électronique
Robert Hurst III : contrebasse
Keith Hall : batterie, cymbales & percussions

Keith Hall a attendu d’avoir cinquante ans pour sortir un premier album sous son nom. Vu la qualité du dit album, il aurait pu le faire avant. Trois soli en hommage à ses maîtres, Billy Hart, Elvin Jones et Max Roach, sept titres en trio et le reste en duo. Une chose est sûre, l’énergie est au rendez-vous et elle nous rappelle notamment quelques trios emblématiques sans support harmonique du passé. Ses deux acolytes sont comme lui fort inspirés et la musique dont ils accouchent ensemble est tout sauf ennuyeuse. Les morceaux en trio nous embarquent dans un jazz post hard bop (avec quelques accents funky) tandis que les duos s’appuient plus, eux, sur l’improvisation. Dans ce contexte, Andrew Rathbun ajoute des effets en tout genre qui se révèlent intrigants et finalement bienvenus (une pédale wah wah sur un sax… ça nous rappelle Bearzatti), ce qui n’empêche nullement les deux musiciens de s’évader dans l’acoustique pure quand ils en ont envie. Si le disque est long (vingt morceaux, il s’écoute cependant avec intérêt de bout en bout car il est parfaitement maîtrisé, inventif et empreint d’une joie communicative. On ne regrette pas d’avoir découvert Keith Hall.


https://www.keithhallmusic.com/


  GABRIELLE CAVASSA

Autoproduction

Gabrielle Cavassa : chant
Ryan Hanseler : piano, Rhodes
Lex Warshawsky : basse
Jamison Ross : batterie
Braxton Cook : saxophone (2,6)
Ashlin Parker : trompette (9)
Ari Teitel : guitare (5)

Une découverte. Gabrielle Cavassa, jeune chanteuse américaine, sort un premier album aussi sobre que bien autoproduit (elle a renoncé à un contrat pour agir à sa guise). Une voix envoûtante qui sans faire dans le minimalisme ne va jamais dans l’excès. Six des titres sont des compositions personnelles d’un excellent niveau. Des musiciens au diapason de la chanteuse et des solistes invités de très bonne facture complète un tableau étonnamment subtil. Mademoiselle Cavassa démontre qu’une sensibilité à fleur de peau peut être un réel atout quand elle est bien gérée, et c’est le cas tout au long de l’album. La chaleureuse rondeur de l’enregistrement, le Rhodes, développe une atmosphère moelleuse, proche du cool californien en évitant le pire du genre (et Dieu sait si on en a écouté des daubes formatées FM prétendument jazz venues de la côte ouest) qui mettent en valeur les petites fêlures d’une voix qui n’a rien d’anodin et sait exprimer avec justesse des textes sans détours. Cerise sur le gâteau, l’album dure 34 minutes, un format ramassé contenant rien d’inutile. A la frontière du jazz et d’un groove plus mainstream, Gabrielle Cavassa réalise un beau disque très musical.


https://gabriellecavassa.com/