Le jazz est une fête

Inauguré le jeudi avec le trompettiste Bjorn Ingelstam, le contrebassiste Viktor Nyberg et les musiciens du Camion Jazz au Jazz club de Louvigny, le mini festival de jazz des Boréales se déplaçait, deux jours plus tard, au Théâtre de Caen

Avec un changement de salle, un changement de jazz et un changement d’ambiance pour le concert du soir.
Aux Foyers archi combles de spectateurs venus écouter le trio de Stefan Orins (CultureJazz, 23-11-22) succédait quelques heures plus tard dans la grande salle quasi pleine la formation du tromboniste Nils Landgren qui sillonne, de longue date, la scène internationale.
D’origine suédoise pour la plupart (festival des Cultures Nordiques oblige), le trio du pianiste Stefan Orins aussi bien que le tromboniste Nils Landgren et son Funk Unit ont su, chacun à leur manière, séduire un large public. Intimiste et acoustique pour l’un -selon les termes du responsable de la programmation M.Dubourg- extraverti et électrique pour l’autre. Deux jazz donc venus de Suède étaient à découvrir ce samedi.
Et cela valait aussi pour la formation reconnue de Nils Landgren.

Le funk est un genre en soi avec ses codes, sa rythmique omnisciente et les contraintes du genre. Le jazz se faufilait dans cette masse sonore puissante et univoque par le biais des chorus, essentiellement du fait du leader, le tromboniste Nils Landgren, voire de son saxophoniste Jonas Wall. Emmenée avec talent, la machine à rythme tournait à plein rendement. La venue annoncée de l’invitée, la flûtiste normande Ludivine Issambourg, faisait le reste [1]. Pas dans la dentelle dans ce contexte bien sûr mais la subtilité du son de la flûte apportait une nuance dans ce monde de brutes avant de se fondre dans l’énergie du collectif.
Présente sur trois titres plus le morceau final, elle ne cachait pas son plaisir d’être devant le public de sa région qui le lui rendait bien ni son ravissement de jouer aux côtés de celui qui est largement son aîné et qu’elle a, de ce fait, beaucoup écouté dans ses années de formation.
L’émotion du chemin parcouru était sensible et elle s’est donnée à cœur joie dans ce funk qui lui ressemble.
Le concert a suivi son cours, le chanteur prenant juste le dessus sur le tromboniste et s’achevait alors plus comme un concert de variétés rock que de jazz pour le plus grand plaisir, il faut le reconnaître, de l’ensemble des spectateurs.
Le jazz est une fête, disions-nous, moins sinistre cependant que celle du Paris évoquée par E.Hemingway.

Photographie : Stéphane Barthod


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[1Normandité oblige, on retrouve Ludivine Issambourg aux côtés notamment d’un autre normand célèbre, l’organiste Emmanuel Bex à l’occasion de la sortie du premier disque du Boujou Jazz Factory déjà évoqué ici même (Culturejazz 09-12-2019).