ALBERT VILA . Levity

Hypnote Records

Albert Vila : guitare

Barcelonais de naissance et basé en Belgique, Albert Vila a déjà derrière lui quelques belles collaborations (Jorge Rossy, Doug Weiss, Jeff Ballard, etc). Ce nouveau disque est néanmoins son premier en solo et l’on peut légitimement se demander pourquoi il a attendu aussi longtemps avant d’oser. Il y a des guitaristes que l’on n’imagine pas en solo et d’autres pour qui cela semble naturel. Albert Vila appartient à cette dernière catégorie. Dans cet album, quelque soit le titre, standard du jazz ou de la pop, il est enserré dans une fluidité qui donne l’illusion de la facilité. Bien que le guitariste enchaîne les variations, les tours et détours autour du thème, quelles que soient les sinuosités de son jeu, il fait en sorte que la mélodie initiale sorte gagnante de l’exercice. Albert Vila ne donne qu’une composition personnelle, Levity. Elle donne son titre à l’album et le clôt. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne dépareille pas avec les reprises (Beatles, Marley, Drake, Shearing, Jobim, etc). Albert Vila nous livre là un disque serein, empli d’une fine musicalité, que l’on vous recommande chaudement.


http://albertvilamusic.com/


  GEORGE WINSTONE with BEN MONDER . Odysseus

pas de référence

George Winstone : saxophone
Ben Monder : guitare

Le jeune saxophoniste londonien, George Winstone, émigré à New York depuis quelques années, sort ce duo avec l’un des plus émérites guitaristes du jazz actuel, Ben Monder. Construit autour d’une ambiance de voyage suspendu. Sur les nappes sans fin (à la limite du bruitisme) du guitariste, le saxophoniste développe des mélodies improvisées qui font sens et qui tissent une sorte d’itinérance où les paysages se succèdent sans jamais demeurer plus qu’il ne faut ; ne pas stopper le voyage paraît un impératif. Ainsi, les deux musiciens semblent être des organismes sans mémoire qui laissent à l’instant son pouvoir de création. A croire qu’ils sont les spectateurs de leur travail musical et que l’univers qu’ils dessinent de concert les fuit (ou leur échappe, la nuance existe). Une chose demeure et elle se nomme alchimie ; une alchimie entre les deux protagonistes de ce disque pas comme les autres qui fait sa force, son pouvoir de séduction, et qui fait croître chez l’auditeur un désir d’écoute assez étonnant.


https://www.georgewinstone.com/


  JOHN BAILEY . Time Bandits

Freedom roads records

John Bailey : trompette, bugle
George Cables : piano
Scott Colley : contrebasse
Victor Lewis : batterie

John Bailey fait partie de ces musiciens qui font une carrière brillante, dans des styles variés, parce qu’ils sont bien meilleurs que bon. Mais nous ne le connaissons pas, comme bien d’autres, parce qu’il ne s’est pas fait un nom par chez nous. Ceci dit, regardez le line up et dites-vous que ce gars-là, s’ils jouent avec des pointures de cet acabit, c’est bien qu’il a quelque chose à dire. En l’occurrence, dans ce nouvel album, c’est de jazz dont il question, au sens le plus évident du terme. On t’expose le thème et on lâche les chevaux ! Un coup pour le pianiste, un coup pour le contrebassiste et un dernier pour le batteur. Oh pardon ! On a failli le leader qui ne donne pas sa part aux chiens. L’ensemble est joyeux et rudement bien foutu, ce qui vous ne vous étonnera pas. Le swing est là et tout coule de source. Dans ce Cd, ces quatre-là nous ont organisé une sorte de best of du jazz mainstream, avec des compositions originales et un peu de standards bien sûr (sans compter un lennon/McCartney). Des quartets qui font cette musique, il y en a des régiments. Mais des quartets à ce niveau d’excellence, il y en a peu. une raison suffisante pour écouter ce disque.


https://www.johnbailey.com/


  NATASHIA KELLY . Dear darkening ground

de Werf Records

Natashia Kelly : chant, compositions
Ruben Machtelinckx : guitare
Nicola Andrioli : piano
Yannick peeters : contrebasse
Dré Pallemaerts : batterie

Natashia Kelly est une chanteuse belge aux origines irlandaises. Dans ce bel album, elle s’est inspirée de Rilke et Yeats (et de la place de l’homme dans la nature), ce qui nous parle. Parfaitement entourée par des musiciens au diapason (l’incontournable Dré Pallemaerts est là), elle offre à l’écoute une musique entre folk et jazz qui mérite un détour appuyé. Avec un grain de voix particulier, tendre et rugueux à la fois, un phrasé très personnel, Natashia Kelly laisse parler sa sensibilité, sans emphase mais avec un caractère certain. Si tant est que le disque soit, dans son ensemble plutôt calme, il n’est jamais mièvre. Les musiciens habillent sa voix avec une justesse et une économie de moyen qui offre de l’espace au chant sans l’isoler. Les mélodies ainsi traitées accrochent l’oreille de l’auditeur à tout coup. Un beau disque empli d’une musique originale qui n’ignore pas le lyrisme et sa poésie, difficile à mettre dans une case, ce qui selon nous est plutôt bon signe. A découvrir.


https://www.natashiakelly.com/