LONDON BREW

Concord Jazz Records

Benji B : platine, sonic Re-cycling
Raven bush : violon & électronique
Theon Cross : Tuba
Nubya Garcia : saxophone & flûte
Tom Herbert : contrebasse & basse
Shabaka Hutchings : saxophone & instruments à vent
Nikolaj Torp Larsen : Synthés & mélodie
Dave Okumu : guitare
Nick Ramm : piano & sunthétiseur
Dan See : batterie & percussions
Tom Skinner : batterie & percussions
Martin Terefe : guitare & électronique

En hommage au cinquantième anniversaire du Bitches Brew de Miles, une bande de musiciens anglais bien allumés se collent en studio post pandémie durant trois jours et, en toute liberté, font ce qu’ils leur semblent adéquat pour être dans l’esprit du trompettiste et plus encore dans l’esprit d’une époque. La créativité qui en découle est absolument époustouflante. Le moins que l’on puisse dire est que le collectif s’est immergé tête la première dans une musique utilisant les codes contemporains, ce que Miles aurait évidemment fait s’il avait réenregistré son disque cinquante ans après, afin de renouveler l’idée de noirceur sociale et de bouillonnement créatif qui s’exprimait tout au long de l’original dans un maelstrom sonique où le jazz, le funk et la pop se baignaient dans un psychédélisme foisonnant à l’esthétique novatrice et dévastatrice. Shabaka Hutchings et ses complices n’étaient pas nés en ces temps anciens mais la démesure davisienne coule néanmoins dans leurs veines. Aussi hypnotique que l’original London brew, double Cd, est une incontestable réussite, une aventure musicale sans marques temporelles, radicale au meilleur sens du terme, qui arrive à faire oublier le chaudron original. Passer à côté serait une honte.


https://londonbrew.bandcamp.com/album/london-brew


  IKIRU – Plays Satie

Collectif Surnatural

Fabrice Theuillon : saxophone ténor
Yvan Robilliard : piano et moog

Les jazzmen aiment Satie. Satie les aurait sûrement aimés aussi. Dans ce duo piano / saxophone qui revisite des pièces célèbres et d’autres moins, la primauté est donnée au sensible et à l’émotion. C’est du moins ainsi que nous l’avons perçu. L’on y retrouve avec bonheur l’anticonformisme du maître qui est on ne peut mieux traité par Fabrice Theuillon et Yvan Robilliard, lesquels s’en amusent avec une virtuosité patente qui mais demeure raisonnable et raisonnée. Les réorchestrations sont savantes sans être rébarbatives et l’improvisation que les accompagne renouvelle cette musique que nous connaissons tous (ou presque) et lui donne un nouveau lustre qui ne manque pas de profondeur. C’est un travail d’orfèvre que propose ce duo et l’on vous engage à l’écouter séance tenante dans ses moments les plus doux comme dans ceux plus rauques qui marquent les diverses pièces jouées dans cet album.


https://www.yvanrobilliard.com/


  BRANDON LOPEZ . Vilevilevilevile

Tao Forms

Brandon Lopez : contrebasse

Sortie le 14 avril

Brandon Lopez aime Joëlle Léandre et d’autres contrebassistes du même acabit (Barry Guy, etc.), ceci pour vous situer l’individu. Avec des capacités techniques impressionnantes, il livre une création musicale d’une telle dureté qu’un janséniste en regard passerait pour un être affable et tolérant. L’exploration des sonorités est de mise et, avouons-le, Brandon Lopez est doué pour en trouver qui sortent de l’ordinaire. Il alterne le dur et le doux, l’archet et les doigts, fait résonner l’instrument dans une veine très contemporaine qui déstabilisera plus d’un auditeur. De fait, l’on perçoit dans sa musique un fort engagement, qu’il soit cérébral ou physique. La rugosité vibrante, la sécheresse assumée du propos, la violence sourde qui sous-tend son travail, le classe dans une catégorie de radicaux où l’on pourrait mêler et Joëlle Léandre et Peter Brötzmann, entre autres. Quoi qu’il en soit, il appartient à un monde où les possibles impossibles peuvent s’exprimer librement. Rien qu’à ce titre, Brandon Lopez est indispensable, comme le sont celles et ceux qui ne reculent devant rien.


https://www.brandonlopez.nyc/


  DAVID EL MALEK . Travelling

Sunset Records

David El Malek : saxophone
Alex Tassel : bugle
Pierre De Bethmann : piano

Sortie le 14 avril

Dans un registre plus consensuel (ce qui n’est pas honteux) que les deux disques ci-dessus, David El Malek propose un trio inaccoutumé qui s’immerge dans une douceur intérieure sans fond d’où émergent des mélodies simples (souvent les plus belles) qui s’étirent dans des espaces paysagers aux climats paisibles contrastant avec l’âpreté et l’effervescence continuelle des mondes urbains, mondes animés par une précipitation surexcitée de tous les instants où l’essentiel au mieux se perd, au pire disparaît. Les trois instrumentistes participent à ce retour sur soi voyageur avec une élégance musicale continue, faite de délicatesse et de modération, qui définisse un jazz chambriste entièrement voué au charme de la respiration ample et lente, aux attraits de la profondeur sereine, à la lumineuse tendresse. Et vous serez certainement d’accord avec nous, une bonne dose d’humanité apaisée n’est jamais nuisible.


http://davidelmalek.com/fr/