Casting de rêve, de luxe et de haut niveau pour le concert Louis Sclavis Vingt-cinq hivers au Festival Sons d’hiver 2025, avec un nonet taillé sur mesure XXXL
Casting de rêve, de luxe et de haut niveau pour le concert Louis Sclavis Vingt-cinq hivers au Festival SONS d’HIVER 2025, avec un nonet taillé sur mesure XXXL :
Louis SCLAVIS clarinettes sib et basse, son trio habituel : Sarah MURCIA contrebasse, Benjamin MOUSSAY piano, Christophe LAVERGNE batterie et les invités : Dave DOUGLAS trompette, Géraldine LAURENT sax alto, Dominique PIFARÈLY violon, Vincent COURTOIS et Bruno DUCRET violoncelle. En se fiant à l’organisation sur scène, un trio de souffleurs et un quatuor à cordes placés entre le piano à gauche et la batterie, à droite. Le public a répondu présent malgré la tempête fort humide, le vent, la nuit, bref : des conditions propices à une soirée bête-flix avec tartines de rillettes et chenin. C’est Ducret, assis entre Pifarèly et Courtois (on fait difficilement mieux en termes de collègues de pupitre) qui introduit le premier morceau (Darwich dans la ville) suivi par Douglas. Purs soli vagabondant ici et là au gré de leur humeur, ils sont libres et jouissent de cette liberté jusqu’à l’arrivée du thème. Oui, on l’attendait, les préliminaires-teasing y menaient et les thèmes sclavisiens sont tout sauf médiocres façon muzak : une ligne mélodique, de la ponctuation et une mise en place millimétrée, ici quasiment à l’unisson entre le trio de souffleurs, le piano, le violon et la contrebasse. Géraldine Laurent prend la suite pour un groooooooos solo soutenu par les cordes à l’archet, continué par une conversation contrebasse-batterie puis en trio avec Moussay qui s’insinue. À nouveau le thème pour nous rappeler de quoi il s agit et de quoi on cause dans les soli et Sclavis à la clarinette sib puis Moussay puis les cellos. Et retour au thème pour clore la pièce. On en a déjà eu largement pour notre argent et notre temps et notre plaisir : on est dans l’extravagant dont les synonymes précisent le sens : déraisonnable, insensé, époustouflant, extraordinaire.
Suit un morceau de Moussay, Shadows and lines, dont le thème, mélodique mélodieux, se développe sur un tempo moyen, genre prenons notre temps tout va bien. Le solo au sax alto vire en conversation avec la trompette, Lavergne à son habitude, pousse fort, « reformule » ce qu’il entend, Pifarèly s’y colle à son tour avec le trio de base qui tient la baraque avant le retour au thème. C’est simplement très très beau, émotionnant, il ne s’agit plus de jazz ou de musique improvisée, il s’agit de musique tout court entendue comme vibration du monde ( et de ses occupants ), lui-même en vibration. Un genre de bain sonore intérieur-extérieur.
Suit La dame de Martigue, clin d’oeil à l’oeuvre de Ernest Pignon-Ernest cher à Sclavis ( cf son CD Napoli’s Walls) qui en remet une couche quant à la beauté (soli de Courtois, Douglas et Laurent ) au point qu’on peut se dire que Corine Morel-Darleux, qui a intitulé un essai « Alors nous irons trouver la beauté ailleurs », aurait certainement aimé la trouver ce soir, ici et maintenant.
La suite ? Deux morceaux et un rappel qui nous maintiennent à la même altitude, au-dessus des nuées, dans le bleu sans limites. Chacun-chacune a fait entendre sa voix singulière et personne ne reprochera à Sclavis d’avoir joué la carte des impros longues, propices à des récits construits, prenants et surprenants.
Pas sûr qu’une autre opportunité se présente pour réunir ce nonet plus que séduisant : un grand bravo et merci à SONS d’Hiver.
Théâtre Jacques Carat
14 avenue Louis Georgeon, 94230 CACHAN