KJETIL MULELID . And now

Grappa

Kjetil Mulelid : piano
Rune Nergaard : contrebasse
Andreas Winther : batterie

Voici le quatrième disque en trio de Kjetil Mulelid (1991) et seul un changement de contrebassiste est à noter que le leader qualifie toutefois de très bénéfique pour la musique du trio. On retrouve dans ce Cd comme dans les précédents une libre circulation de la musique entre les trois artistes marquée par une écoute impeccable. Les thèmes tournent autour de mélodies possédant ce je-ne-sais-quoi de septentrional typique du jazz nordique et, dans un esprit notablement jarrettien, les flux improvisés expriment avec une belle vivacité un savoir faire sensible parfumé d’un lyrisme qui demeure maîtrisé. La rythmique à sa part d’expression personnelle et les soli qui en découlent sont toujours d’une excellente facture, voire plus, ouvrant à tout vent de vastes paysages musicaux que l’intemporalité aérienne du trio renforce ; il déploie en outre dans chaque titre une esthétique habitée qui ne laissera aucun auditeur indifférent, si l’on excepte les personnes dénuées d’ouïes bien évidemment. Vivement recommandé.


https://www.kjetilmulelid.com/


  NICOLAS THOMAS . Coffee Break

Fresh Sound 5100 series

Nicholas Thomas : vibraphone
Peter Bernstein : guitare
Hiroxhi Murayama : piano
Darryl Hall : contrebasse (1.2.4.6.7)
Michel Rosciglione : contrebasse (3.5.8)
Mourad Benhammou : batterie
Viktorija Gečyté : chant (3)

Sortie le 14 février

Pour ceux qui aiment le jazz stricto sensu (avec quatre quatre et tout et tout) voici un bel album baignant dans un swing efficace et ludique ; on ressent bien à l’écoute le plaisir pris par les musiciens à l’enregistrer. Accompagnant les fidèles du vibraphoniste italien installé à Paris, Peter Bernstein, Hiroshi Murayama et Darryl Hall sont invités à joindre leur science jazzistique au projet, ce qui n’est pas négligeable, convenez-en. Il advient donc que l’ensemble de titres se situe à un niveau qualitatif plutôt élevé et empli d’une énergie communicative de plus bel effet qui sonne presque « live ». Les compositions originales du leader parfaitement mélodiques et inspirées font mouche et il n’y a rien à redire sur cet album de jazz mainstream remarquablement ficelé au sein duquel chaque musicien apporte avec conviction sa pierre à l’édifice. Cerise sur la galette, Nicholas Thomas, qui reconnaît Barry Harris comme son mentor et qui a dans un passé récent consacré un très bel album à la musique de Hank Jones, développe sur les lames un jeu élégant et fluide. À découvrir fissa.


https://nicholasthomasvibraphone.jimdofree.com/


  JEREMY PELT . Woven

HighNote Records

Jeremy Pelt : trompette
Jalen Baker : vibraphone
Misha Mendelenko : guitare
Leighton Harrell : contrebasse, basse (1)
Jared Spears : batterie

Invités :

Marie-Ann Hedonia : synthétiseur (1.2.5.8)
Mar Vilaseca : chant (2)

Sortie le 14 février

Plus très éloigné de la cinquantaine, le trompettiste californien sort un peu de son pré carré avec ce disque qui intègre quelques sonorités électriques et électroniques l’éloignant (pour un temps) du jazz moderne acoustique qui a contribué à sa notoriété. Sur certains morceaux, on se dit qu’il est en phase de « milesification », dans une esthétique de recherche aventureuse sans plus, qui n’est pas spécialement désagréable. Sur d’autres, les titres expriment majoritairement une coolitude éloignée de la verve hard bop démonstrative en se concentrant sur la qualité des ambiances. Exploratoire mais trop, la musique se permet également quelques audaces quasi pop rock parfaitement agencées… qui nous rappellent encore l’héritage que le prince d’Alton a laissé à ses successeurs. L’ensemble est techniquement et musicalement très bien réalisé et l’auditeur peut se laisser prendre (surprendre) sans effort par l’univers mélodique exposé. Un disque à découvrir sans à priori pouvant séduire une audience assez large.


https://jeremypelt.net/


  STEFANOS KOZANIS . Asterismyth

Jazz Breeze Records

Stefanos kozanis : piano
Katerina Konstantinou : voix
Dimitris Margaritis ; violon, poésie
Kostas Patsiotis : contrebasse
Nikos Sidirokastritis : batterie

Le jazz grec ne recueillant aucun écho ou presque par chez nous, Culture Jazz en parle quand il est sollicité. Ainsi, le disque de Stefanos Kozanis que nous évoquons dans ces lignes est consacré à la constellation d’Orion. Les textes écrits par le violoniste et chanté par Katerina Konstantinou s’y réfèrent (Heureusement pour nous, il y a des traductions dans le Cd). Les titres de l’album font dans leur entièreté preuve d’un lyrisme mélodique assumé qui ne manque aucunement de chair ; un paradoxe si l’on pense que les constellations lointaines peuvent avoir ici-bas une connotation éthérée. Mais la création humaine ne vivant que d’instants souvent paradoxaux, nous ne voyons pas de problème à cela. Une chose est certaine, L’ensemble est parfaitement homogène (et très bien enregistré) et la voix de Katerina Konstantinou fait vivre les textes, qu’on les comprenne ou non. Les amoureux de belles mélodies épiques quant à eux y trouveront leur compte. Les autres devront faire preuve de curiosité (premier ou dernier rempart contre la bêtise).


https://stefanoskozanis.com/