un trio franco-americano-hispanique, Avice, Stewart & Lopez au Périscope
Mardi 04 février 2025
Aymeric Avice : trompette
Luke Stewart : contrebasse
Ramon Lopez : batterie
Qui, à la nuit tombée, froide et humide, leva l’ancre et hissa les voiles ? Aymeric Avice, je crois, immédiatement suivi par Luke Stewart et Ramon Lopez. La mer, ou l’océan, qu’ils parcoururent était-elle étale ? Je ne le sus pas avant de comprendre que c’était eux, de concert, qui firent les vagues, et du concert un voyage musical agité dont le roulis, le tangage, laissa sur le carreau deux ou trois couples de spectateurs livides qui partirent avant la fin rendre au caniveau le trop plein sonore ingurgité. Il eut fallu se renseigner avant de venir, non ? Les nombreux autres énergumènes présents au Périscope restèrent bien enfoncés dans leurs sièges, ou collés au mur, pour goûter pleinement le ressac. Dans ce combo tripartite, le trompettiste travailla les textures avec des effets combinés, poussa du bout du souffle quelques aigus, creusa dans les profondeurs du grave jusqu’à toucher des lèvres des formes granuleuses inaccoutumées, additionna les lignes de son discours, définit une ambiance globale, sans omettre de tendre l’oreille au propos de ses collègues ; le contraire eut été incongru. De son côté, le contrebassiste caractérisa ce que peut être une puissance de jeu nette et précise sur les cordes d’une grand-mère : une note, une claque, un chapelet, une série de baffes, avec une aisance déconcertante doublée d’un sens inné pour la musicalité première. En sus de sa redoutable adresse à l’archet, il agrémenta l’espace sonique du trio de quelques interventions percussives complémentaires au travail du batteur. Et derrière sa batterie augmentée d’un tabla et d’un cajon, le dit-batteur broda son riche commentaire sur celui de ses collègues en variant les séquences, allant d’un timbre à l’autre avec des modulations aux petits oignons qui peignirent avec creux et arêtes les contours d’un jeu expansif jamais envahissant. Si vous ne l’aviez pas encore compris, ces trois-là s’entendirent à merveille dans la création d’un exercice musical improvisé de très haut rang qui n’eut à aucun moment de ces formes scolaires que l’on entend, hélas, quelquefois (un peu trop souvent) sur scène et qui m’emmerdent au plus haut point. C’est ce je nommai une bonne pioche et c’était un 04 février, jour où naquit Josefa Amar y Borbón (1749-1833), écrivaine espagnole du Siècle des Lumières, pionnière dans la lutte pour les droits des femmes en Europe ou encore Fernand Léger (1881-1955) dont le travail m’épate encore et toujours sans que je sache pourquoi.
Cliquez pour lire l’entretien réalisé par Loleh Dorison
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