Une bien bonne idée que ces concerts dominicaux en fin d’après-midi, surtout avec le quartet de Pierrick Pédron
Dimanche 09 février 2025
Pierrick Pédron : saxophone alto
Carl-Henri Morisset : piano
Thomas Bramerie : contrebasse
Elie Martin-Charrière : batterie
Le quartet de Pierrick Pédron n’est pas un lapin de trois semaines à quatre têtes. Cela s’entendit dès les premières notes l’autre dimanche au Crescent (qui n’en finit pas de fêter ses trente années d’existence pour le plus grand plaisir des habituées du lieu). Il existe depuis une huitaine d’années et il faut cela pour s’attaquer au monument colemanien qu’est The shape of jazz to come. Le saxophoniste et ses acolytes n’étaient toutefois pas là pour s’effacer devant le maître et lui servir la soupe. S’ils empruntèrent les compositions iconiques du saxophoniste texan, ils n’abandonnèrent pas autant leur voix originale. En un mot comme en cent, ils prirent deux mondes et fusionnèrent le tout avec de l’énergie et de l’audace, des combinaisons aussi complexes qu’inspirées et une furieuse maîtrise instrumentale. Ajoutez quelques impétueux points d’acmé capables de filer le tournis à un derviche tournicoteur, histoire de tutoyer le bord de la falaise sans jamais se vautrer dans la vacuité du raisonnable et l’auditoire obtint de quoi le nourrir à satiété. Les quatre firent donc la fête à Ornette avec l’aplomb (sur le fil) des jazzmen sûrs de leur fait et reconnaissants à celui qui, en 1959, décrassa bougrement les ouïes de ses congénères, quitte à passer pour un secoué du bulbe massacreur de l’idiome chéri par la vieille garde. Rien de fade, vous l’aviez compris, dans cette affaire à six entrées légèrement augmentée. Trois au premier set plus un autre titre, trois au second plus un bout de Depeche Mode sérieusement revu et corrigé. Un rappel généreux dédié à la famille Bramerie et l’affaire fut dans le sac à souvenirs heureux d’un public qui ne se gêna pas pour bruyamment signifier au quartet le plaisir pris à l’écoute de ce moment musical ardemment altruiste. Ça vous change un dimanche après-midi mâconnais, gris souris, de fait un 09 février. En 1953, ce jour vit la création du Livre de Poche et ce n’est pas rien. En 1942, il vit la naissance de Carole King et oui, I feel the earth move under my feet…
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