JOHN TAYLOR . Close to Mars

Camjazz

John Taylor : piano
Palle Daniellson : contrebasse
Martin France : batterie

Sortie le 07 mars

Ce nouveau disque possède une étrange particularité : ces trois interprètes sont morts. John Taylor en 2015, Palle Danielsson et Martin France en 2024. Enregistré en 2006 à Ludwigsburg, ce Cd démontre s’il le fallait encore à quel point le pianiste anglais était un repère incontournable de la scène jazz. Aventureux par nature et toujours mélodiquement chantant, il savait sortir du cadre, l’air de rien, et délivrer des thématiques d’esthète parfaitement originales. Magnifiquement accompagné par le contrebassiste Palle Danielsson (1946-2024) et le batteur Martin France (1964-2024), John Taylor propose une musique au lyrisme inventif qui oscille entre l’intime et le percussif, la douceur et l’explosivité, avec à chaque instant une musicalité profonde comme on en entend peu. A la suite du pianiste, le contrebassiste et le batteur sont impériaux ; leur justesse inspirée, leur adaptabilité, fricote avec la magie. De notre point de vue, le trio (et son impressionnant interplay) évolue dans une dimension supérieure, voire une autre galaxie. Vous pouvez vous jeter dessus.


https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Taylor_(pianiste)


  LAURENT MAUR SOUNDSCAPE 4tet – Dark rêverie

autoproduction

Émilie Calmé : flûtes
Curtis Efoua Ela : batterie
Clément Simon : bass keyboard, claviers
Laurent Maur : Harmonica, Harmonica digital DM48

Enregistré en Chine sur deux jours, ce nouvel album de Laurent Maur verse dans un jazz électro funk aisément écoutable. Le nouvel élément de ce quartet, c’est Clément Simon et on peut dire qu’il s’y entend pour donner de la couleur à cet album. Comme à leur habitude, Émilie Calmé, Curtis Efoua Ela et Laurent Maur font très bien ce qu’ils savent faire et peuvent se targuer, dans ce contexte qui diffère de leur environnement musical de référence, d’une crédibilité évidente. Tout est fluide et bien articulé. Les ambiances sont homogènes et l’auditeur peut se laisser prendre par ces atmosphères parfaitement mélodiques ; par certains côtés, notamment des sonorités, elles nous ont fait penser à quelques trucs un peu anciens, fin des années 70, début des années 80, comme le Pat Metheny Group par exemple. Ce sont là des réminiscences dues à notre grand âge. Le quartet, lui, s’est contenté de faire sa musique et il l’a très bien fait, ce qui devrait suffire à convaincre bon nombre d’auditeurs.


https://www.laurentmaur.com/


  ALEX KOO . Blame it on my chromosomes

WERF Records

Alex Koo : piano, voix
Lennart Heyndels : contrebasse
Dré Pallemerts : batterie
Ambrose Akinmusire : trompette (1.9)

Le jeune pianiste Alex Koo est Belgo-japonais et il s’est fait remarquer par son habileté à mélanger les genres avec bonheur. Ce nouveau disque n’échappe pas à la règle évoquée ci-dessus et à chaque titre on prend ce qui vient : l’essentiel étant de ne pas se poser de questions. C’est aérien ici, dense et sombre là, cinématographique souvent avec des atmosphères diverses et variées. Alex Koo bénéficie de la présence d’une rythmique imparable, avec notamment l’illustre Dré Pallemaerts, ce qui ne gâche rien. Virtuose précoce, il a débuté avec la musique classique avant de plonger dans le jazz. Son discours développe des séquences sinueuses proches de l’abstraction jarrettienne sans pour autant manquer d’originalité. L’osmose avec ses collègues de jeu étant une évidence de tous les instants, l’intervention d’Ambrose Akinmusire sur le premier et l’avant-dernier titre, si elle ajoute une touche supplémentaire de musicalité jazz, demeure un peu anecdotique car le trio se suffit à lui-même.


https://www.alexkoomusic.com/


  PERCEPTIONS TRIO . The wicked crew

Sense Label

Charley Rose : saxophone, effets
Silvan Joray : guitare, effets
Paulo Almeida : batterie

Charley Rose se situe à la croisée des chemins et la musique de son trio en est l’expression même. Majoritairement mélodieuse, elle évolue entre les courants et sait aller vers des contrées éprises de liberté capables d’ouvrir les possibles. Souvent lente et apaisante (ou inquiétante, c’est selon), elle flirte avec les ombres, donne à la lumière une part prégnante qui passe par le saxophone du leader. Produisant des sonorités actuelles avec des effets (en tous genres ?), elle sollicite de l’ouïe une écoute attentive et porte les paysages ainsi dessinés vers des ambiances post fusion qui ne sont pas désagréables. Ceci dit, il nous a semblé qu’elle se vivait dans un espace certes original mais un peu superfétatoire. Ce disque mérite néanmoins votre attention.


www.perceptionstrio.com