Suite des festivités relatives au 30 ans du Crescent avec Sarah Murcia et son projet Eyeballing
Vendredi 14 février 2025
Sarah Murcia : contrebasse, voix, claviers
Benoît Delbecq : électronique, piano
Olivier Py : saxophone ténor
François Thuillier : tuba
Vic Moan : textes
Que dire, que dire, que dire ? Quand Sarah Murcia arrive sur une scène, je sais que je ne sais pas ce qui va passer par mes oreilles. Tout dépend du projet. L’autre soir au Crescent, le projet Eyeballing la vit user de ses cordes, qu’elles fussent vocales ou qu’elles appartinssent à son instrument, et de ses doigts sur un clavier aux sonorités modernes. Sur sa droite, Benoît Delbecq utilisa aussi l’électronique, ce que l’on nomme E-drums, principalement, et le piano ici et là (un peu frustrant pour moi). À sa gauche se tenaient le saxophoniste Olivier Py et le tubiste François Thuillier, soit la part acoustique du quartet. Les quatre musiciens virtuoses développèrent une musique plutôt écrite aux rythmiques complexes et portèrent les mots de Vic Moan, poète et ami de la contrebassiste, ainsi que ceux d’un autre poète, Denis Scheubel. Dans ce projet presque entièrement composé par Sarah Murcia, seul un titre écrit par Magic Malik fit exception. Sur le plan auditif, j’eus quelques difficultés à apprécier les bruits ferrailleux de l’E-drums, je l’avoue sans ambages, et sa présence quasi constante me gâcha un peu le plaisir d’écoute. Pourtant, le mélanges des sonorités était intéressant, voire conceptuel, ce qui n’est pas rédhibitoire. Le second set me parut plus enlevé et plus ouvert à l’improvisation, ce qui satisfit le public (somme toute clairsemé, c’est rare en ce lieu) et votre serviteur. Il ne dura néanmoins qu’aux alentours d’une demi-heure. Inhabituel me direz-vous. Inhabituel, je vous le confirme. L’auditoire demanda un rappel et les musiciens revinrent… saluer… avant de définitivement disparaître. Inhabituel me direz-vous. Inhabituel, je vous le confirme. C’était un 14 février ; ce même jour en 1929, sept gangsters rivaux d’Al Capone se firent dézingués dans un garage chicagoan, cet événement se nomme depuis le massacre de la Saint Valentin . L’amour vache au temps de la prohibition ? Allez savoir. Dans mon carrosse, sur la route du retour, j’écoutais un vieux truc de Tim Buckley (1947-1975), né un 14 février, seul membre du club des 28 à ma connaissance, quand je me demandai soudain : que dire, que dire, que dire…
