CLAUDIA SOLAL & BENJAMIN MOUSSAY . Punk moon

Jazzdor séries

Claudia Sola : voix
Benjamin Moussay : piano, rhodes, synthétiseur modulaire

Claudia Solal et Benjamin Solal n’en sont pas à leur coup d’essai et d’ailleurs chaque album qui les associe est une incontestable réussite. Celui-ci évolue au cœur d’atmosphères douces et denses et les textes de la chanteuse s’accordent à la poésie native de sa voix. Ils émergent de ses cordes sensibles tels des évidences humainement accomplies, nécessaires. Benjamin Moussay, lui, entre cordes et électronique tisse un lit mélodique sur lequel chaque phrase est accueillie et magnifiée. Plus proche de la pop que du jazz à proprement parler dans leur structure, les titres recèlent une part de mystère, un cri émotif et un engagement sans faille au service du féminin dans toute sa beauté complexe. Sans éclat outrancier, sur une ligne qui n’appartient qu’à elle, entre les lignes du banal et de la flagrance, Claudia Solal délivre un message étroitement lié au pouvoir mélodique du chant. En mêlant les strates sonores avec une habilité jamais démentie, inspirée et symbiotique, Benjamin Moussay fait plus que l’accompagner. Les deux se géminent, voies uniques et doubles, au cœur d’un voyage sensoriel, né dans la fibre intime, ancré dans une forme d’onirisme orbital adjoint à la vitalité du réel. Indispensable.


https://www.claudiasolal.com/
https://www.benjaminmoussay.net/


  FRANCOIS MARDIROSSIAN . Kith Jarrett, ritual et encores

Ad Vitam Records

François Mardirossian ! piano

Le pianiste François Mardirossian s’est procuré après une longue quête une composition de Keith Jarrett, datant de 1974, qu’il n’a jamais jouée car il la destinait à Dennis Russell Davies, pianiste et chef d’orchestre ; elle fut finalement enregistrée en 1977 par ce dernier et publiée en 1982 chez Ecm. Hormis cette longue pièce où l’improvisation n’a aucune place, François Mardirossian ajoute quatre autres pièces du pianiste de Pennsylvanie et livre donc une vision globale d’une partie de l’œuvre jarrettienne (les gémissements en moins) qui ne manque pas d’intérêt. À la fois nouveauté et document historique, le disque est une réussite, notamment grâce à la clarté de jeu du talentueux interprète. Comme c’est en sus bien enregistré, on ne perd pas une miette des variations multiples que cette musique impose et les oreilles de l’auditeur attentif s’en trouvent agréablement stimulées. Les fans ultimes trouveront là de quoi les nourrir après la retraite anticipée de Jarrett, les autres découvriront un univers qui mérite le détour.


https://francoismardirossian.com/

  THE HOOKUP . Twenties

Jazz Eleven

Géraldine Laurent : saxophone
Noé Huchard : piano
François Moutin : contrebasse
Louis Moutin : batterie

Nous qui n’avons lu que très récemment « La rage de vivre » de Mezz Mezzrow, voilà que nous recevons le disque d’un quartet s’intéressant au jazz des années 20. Allez quoi… Si l’on excepte le pianiste qui arrive à peine au quart de siècle, ses collègues ont déjà quelques décennies dans les pattes et une histoire du jazz dans la poche. Mais cela fonctionne très bien, l’amour du jazz faisant naturellement le lien entre les générations. Fort heureusement, il n’y a rien de passéiste dans leur démarche et la récréation avec les codes d’un autre siècle, le nôtre, de ces immortels standards est un régal à bien des égards. L’écoute entre eux est prégnante et ils jouent sans véritable leader. Mais comme ce sont tous des leaders potentiels, ils évoluent à un niveau de jeu impressionnant. Pas une note qui ne soit pas à sa place, le discours est empreint d’une fluidité de tous les instants et l’auditeur peut très rapidement se foutre de savoir d’où vient cette musique car elle sonne comme si elle était d’ici et d’aujourd’hui. C’est donc une performance épatante et plus encore une leçon de musicalité première qui n’existerait pas sans imagination créative.


https://www.geraldinelaurent.com/
https://www.moutin.com/
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  PIERRE PERCHAUD . Fleur d’imortelle

Respire Jazz

Pierre Perchaud : guitares
Robinson Khoury : trombone
Christophe Panzani : saxophone, clarinette basse
Tony paeleman : piano, synthétiseur
Karl Jannuska : batterie

Dans ce quintet, seul Robinson Khoury fait figure de petit nouveau car les quatre autres musiciens constitue The Watershed, groupe millésimé dix ans d’âge. Les compositions du guitariste porte l’auditoire vers des territoires qui rappelle le jazz rock, voire fusion, mêlé d’influences diverses et variées, ce qui ne nous gêne pas d’autant qu’il s’appuie sur une originalité marquée qui n’est autre que la voix musicale du leader, voix qu’il développe au gré de ses désirs depuis un temps certain maintenant. Le quintet est parfaitement soudé et produit un narratif auquel on accroche aisément. Dans ce contexte, le tromboniste enrichit l’univers sonore du quartet avec ses qualités propres, et on sait qu’elles sont grandes. Tous s’entendent comme larron en foire au service d’une musique typée, au lyrisme assumé que seuls sourds n’écouteront pas, encore que.


https://www.pierreperchaud.com/