Quatre disques de plus à mettre entre toutes les oreilles
Edition Records
John Patitucci : contrebasse, basse électrique
Chris Potter : saxophones soprano & ténor, clarinette basse
Brian Blade : batterie
Un musicien qui a été le contrebassiste d’un quartet iconique, celui de Wayne Shorter, peut tranquillement vivre sur ses acquis ou, et c’est préférable, se réinventer encore et encore. John Patitucci a choisi cette voie et c’est tant mieux pour les amateurs de jazz. Avec Chris Potter et Brian Blade (autre membre du quartet iconique précité), il nous entraîne là où le mène et son inspiration et celle des ses collègues. Qu’il joue de la basse électrique ou de la contrebasse n’y change rien, grâce à ses compositions, il évolue à des altitudes rares. S’y mêlent technicité et musicalité, inspiration et justesse. D’une grande densité, sa musique offre néanmoins une vision élargie des spectres qu’elle crée. Brian Blade et Chris Potter, souverains, partagent en toute complicité avec le leader leurs éminentes qualités au service d’un projet qui ne manque aucunement d’attrait. Fort de ses années d’expérience et de rencontres avec les plus grands noms du jazz, John Patitucci transforme ses acquis en une musique défiant les genres, qui n’appartient qu’à lui, entre sérénité douce et expressivité bouillonnante.
https://www.johnpatitucci.com/
Innervoicejazz
Robin Verheten : saxophones ténor et soprano
Drew Gress : contrebasse
Billy Hart : batterie
Robin Verheyen, que nous avons découvert l’année passée, possède un art particulier, celui de faire chanter son saxophone, de lui donner autre chose qu’une présence sonore, un supplément de chaleur, une voix humaine, qui éloigne l’auditeur de cette impression clinique que peuvent donner les techniciens de la musique. Ne manquant jamais d’inventivité, il excelle dans l’art du discours construit en phase avec ses collègues musiciens. Dans cet album, les dits collaborateurs s’appellent Drew Gress et Billy Hart. Quand on a dit cela, faut-il en rajouter pour vous faire comprendre qu’on a affaire à un trio d’exception ? Basé sur des compositions personnelles auxquelles s’ajoutent un « Over the rainbow » et le « Trippin’ in Times Square » de Marc Copland, le disque s’écoutent avec gourmandise, la science du contrebassiste et du batteur épaulant (épousant) celle du leader avec une justesse et une créativité magistrales. Toute d’équilibre et d’imagination maîtrisée, la musique du trio tutoie des sommets réservés aux meilleurs. Indispensable.
Ximo Tebar : guitare
Pat Bianchi : orgue
Byron Landham : batterie
Il y a encore des auditeurs pour les trios guitare/orgue/batterie et des musiciens pour faire vivre ce type iconique de formation qui posa quelques repères aujourd’hui intemporels au milieu du siècle dernier. Ximo Tebar, guitariste espagnol, est de ceux qui aiment cette formule. Dans ce disque enregistré au festival de San Javier (une référence chez nos voisins ibériques), il est accompagné par Pat Bianchi (vu notamment chez Pat Martino), dont les mentors sont Dr Lonnie Smith et Joey de Francesco, et le philadelphien Byron Landham et le moins que l’on puisse dire est qu’ils font le boulot avec une réelle assurance et le fameux swing qui caractérise cet univers musical. Une chose est sûre, leurs jeux respectifs sont suffisamment originaux pour qu’on ne les compare pas aux grands anciens. Ce serait dommage de se priver d’une écoute pleine de peps. Et comme on est sympa avec nos lecteurs, on vous met les liens Bandcamp vers ce cinquième volume mais aussi vers les quatre précédents où vous pourrez retrouver Dr Lonnie Smith, Joey De Francesco, Idriss Muhammad, Lou Donaldson, entre autres.
https://ximotebarjazz.wordpress.com/
Flak Records
Johan Dupont : piano
Bo Waterschoot : basse
Stephan Pougin : batterie, percussions
Le titre de ce très beau disque, Lydia, est également le prénom de la fille du leader disparue à l’âge de quatre ans. C’est donc l’hommage d’un père à sa fille, un hommage musical d’une sensibilité exacerbée mais jamais bavarde ou déplacée. Portée par mélodies souvent entêtantes, les compositions du trio se développent en un continuum qui arrive à sublimer la douleur, la transmuant en une ode à la vie positive, empreinte de mélancolie, certes, mais ouverte sur la lumière. Est-ce suffisant pour faire un beau disque ? Il se trouve que oui car les trois musiciens sont époustouflants de justesse et de musicalité. L’usage de la guitare basse, plutôt inhabituel dans ce style de trio, apporte une rondeur seyant parfaitement à l’esprit globale de l’album. L’interplay est en toute circonstance d’une grande subtilité et l’ensemble d’une belle fluidité. Ce disque au propos initialement luctueux offre à l’auditeur un plaisant moment de musique bien agencée et exécutée avec un savoir faire notable.