Tournée mondiale et une étape au théâtre de Caen pour la voix du succès
Vendredi 07 mars 2025
Samara Joy : chant
Paul Sikivie : contrebasse
Connor Rohrer : piano
Evan Sherman : batterie
Jason Charos : trompette
David Mason : saxophone alto
Kendric McCallister : saxophone ténor
Donavan Austin : trombone
« Une étoile est née » a-t-on pu lire maintes fois à propos de l’ascension fulgurante de la jeune chanteuse noire américaine Samara Joy âgée aujourd’hui de tout juste 26 ans. Les superlatifs allant bon train dans la presse en règle générale, il nous a été permis de voir et d’entendre en grandeur nature cette chanteuse hors norme.
Il est vrai que le fabuleux destin de Samara Joy a de quoi étonner.
Une chose est sûre, si les chanteuses de jazz sont plus que jamais présentes sur la place, les grandes figures et notamment noires américaines dédiées au swing et à sa perpétuation ne sont plus légion à quelques rares exceptions près telles Dee Dee Bridgewater, Lizz Wright ou plus près de nous la franco américaine Cécile McLorin Salvant… qui maintiennent le flambeau des Ella , Billie, Betty, Sarah, Abbey, Nina … Outre leur incarnation du jazz, elles en étaient les figures populaires ; la notoriété, cela se fabrique, se conditionne voire s’invente mais pour le talent, c’est une autre affaire !
Dans le cas de notre chanteuse, il y a la base une nature, une histoire, une technique… et les trompettes de la renommée ont pu dès lors, à juste titre, être embouchées.
On imagine, sans trop de mal, l’enfant du Bronx entre l’église (le gospel) et l’école puis l’adolescente découvrant le jazz, le premier enregistrement, les Grammy Awards qui tombent … et aujourd’hui une tournée mondiale en cours, Asie, Europe, Etats Unis, jusqu’en juillet prochain avec quelques dates en France, Caen ce vendredi, Coutances le lendemain et bientôt Paris !
Pas de trace de lassitude dans ce tour de chant dont le naturel même démontre une aisance technique et musicale impressionnante. Entamé par le célèbre « Round Midnight » de Thelonious Monk interprété sans fioritures mais juste avec quelques touches personnelles, le concert enchaînait standards de Betty Carter, composition de Sun Ra alternant avec ses propres compositions extraites de son dernier disque Portrait (Verve), aidée en cela par une formation de sept jeunes musiciens qui sonne comme un big band aux chorus précis et millimétrés.
Pour le reste la chanteuse occupe la scène comme il se doit avec volubilité, une indéniable présence et une liberté vocale qui s’affirment au fil des titres jusqu’aux rappels finaux par ce millier de spectateurs découvrant la star du jazz vocal du moment et l’élégance du swing qu’elle incarne dans un concert hautement professionnel [1] Une voix à suivre donc.
Photographie copyright yves dorison - tous droits réservés
[1] Le professionnalisme a aussi son envers ; ainsi l’interdiction faite aux photographes d’exercer leur métier lors de ce même concert.