KAISA’S MACHINE . Moving Parts

Greenleaf music

Kaisa Mäensivu : contrebasse
Sasha Berliner  : vibraphone
Max Light : guitare
Eden Ladin : piano
Joe Peri : batterie

En quintet avec son quartet de base et Sasha Berliner au vibraphone, Kaisa Mäensivu sort son troisième album chez Greenleaf et c’est toujours aussi agréable à écouter. Les deux précédents nous avaient séduits et ce troisième aussi, d’abord par sa créativité et ensuite par la qualité intrinsèque des musiciens qui produisent cette musique raffinée. C’est un savant mélange d’écriture ciselée et d’improvisation intuitive qui par sa beauté fait oublier la technicité nécessaire à cette musique. Le vibraphone de Sasha Berliner apporte un supplément précieux à cet écrin haut de gamme au sein duquel chaque musicien peut laisser libre cours à son inventivité. La leader, quant à elle, prend quelques soli totalement inspirés et jamais envahissants. L’ensemble, dans tous ses détails (et ils sont foisonnants), est un régal absolu porté par une rythmique d’une précision épatante. Par sa créativité, ce troisième enregistrement de Kaisa Mäensivu évolue dans des sphères lointaines que n’atteignent pas l’immense majorité des dizaines de disques que l’on reçoit tous les mois. Absolument indispensable.


kaisamaensivu.com


  SULLIVAN FORTNER . Southern nights

Artworks Records

Sullivan Fortner : piano
Peter Washington : contrebasse
Marcus Gilmore : batterie

Dans cet album en trio enregistré en studio et en direct, fruit d’une résidence au mythique Village Vanguard, le pianiste que tout le monde s’arrache est accompagné par Peter Washington, un bassiste lyrique ne manquant pas de groove, et le petit-fils de Roy Haynes qui s’est fait un nom sur ses seules qualités, Marcus Gilmore. Une seule composition du pianiste est au menu. Les autres titres sont empruntés à quelques légendes (Allen Toussaint, Donald Brown, Consuela Lee, Clifford Brown, Bill Lee, Woody Shaw, Osvaldo Farres) et c’est très bien comme ça. Les trois compères semblent avoir toujours joué ensemble et ce n’est pas le cas ! C’est dire leur capacité d’écoute et d’adaptation. Avec un son très roots, leur musique serpentent entre les lignes des standards qu’elle réinvente sans omettre de suffisamment conserver les mélodies originelles. Ce jazz d’hier vu et interprété avec un regard contemporain glisse tout seul entre les oreilles de l’auditeur qui peut avantageusement perdre toute notion temporelle. Si à certain moment c’est de l’introspection joyeuse qui ramène à l’essentiel, c’est en toute circonstance parfaitement fluide, swinguant et d’une densité brute qui sied à l’esprit Nouvelle-Orléans qui parcourt ce très beau Cd. Recommandé.


https://www.sullivanfortnermusic.com/


  YVES ROUSSEAU . Shabda

Alla luna

Géraldine Laurent : saxophone alto
Jean-Marc Larché : saxophone soprano & sopranino
Jean-Charles Richard : sax baryton et soprano
Clément Janinet : violon
Christophe Marguet : batterie
Yves Rousseau : contrebasse, composition

« Shabda désigne, en Sanskrit, le son de la parole, du mot, mais aussi sa vibration originelle. » Ce n’est pas nous qui le disons mais bien le contrebassiste dans sa présentation du disque. Ayant vu cette formation à Jazz Campus en Clunisois (Johan Renard remplaçant Clément Janinet pour l’occasion) nous écrivions : «  si nous ne connaissons pas le répertoire joué, nous savons qu’il sera composé dans des formes ouvragées où la finesse du détail est aussi importante que le flux musical généré, quelle que soit l’instrumentation. Le contrebassiste possède en effet à nos yeux cette faculté à lier complexité d’écriture et lisibilité qui le démarque et le rend attachant pour le meilleur. » Et nous ajoutions que c’était «  une musique empreinte d’un beau lyrisme qui permet à chacun des musiciens d’exprimer sa vision musicale particulière en enrichissant le collectif. Les diverses influences qui la traversent se complétèrent à merveille, créant dans la substance une galerie de paysages sonores ouverts à tous vents (ce qui est un minimum avec trois saxophones, n’est-ce pas ?), forts en nuances comme en contrastes. » Ayant écrit cela, que pourrions-nous dire de plus sinon que nous sommes d’accord avec nous-mêmes. Recommandé.


https://yvesrousseau.fr/


  THOMAS MARRIOTT . Screen Time

Imani Records

Thomas Marriott : trompette
Orrin Evans : piano, Fender rhodes
Robert Hurst III : contrebasse
Mark Whitfield jr. : batterie
Shedrick Mitchell : orgue B3 (6)

Comme son titre l’indique, le quinzième album du trompettiste Thomas Marriott propose l’écoute de thèmes issus de film ou de la télévision auxquels s’ajoutent deux compositions du leader. Et pourquoi pas serions-nous tentés de dire ? Enregistrée avec une bande de costauds qui a fait ses preuves depuis longtemps, le trompettiste met en scène ces morceaux dont certains sont très connus des fans de cinéma ou des accros au petit écran. Mais l’essentiel est ailleurs dans ce disque où la musique est agitée par une pulsation rythmique redoutable. Tout est tiré au cordeau sans jamais être désincarné. Ils ne font pas semblant comme on dit. Quand le tempo ralentit un peu, on profite encore plus de la qualité de jeu des intervenants comme du groove profond qu’ils savent mettre en place avec un réel brio. Très expressive, leur musique tient un discours lisible, cinématographique, et vous pourrez l’écouter en 16/9 ou sur écran panoramique sans difficulté. Nous, on y a pris plaisir et nul doute que ce sera votre cas car le quartet joue une musique inventive et colorée. A découvrir.


https://thomasmarriott.net/