Dernier opus de la résidence d’Hélène DURET à l’Atelier du Plateau (Paris) et première mondiale pour son sextet
Dernier opus de la résidence d’Hélène DURET et première mondiale pour son sextet fort de : elle-même aux clarinettes basse et siB, Delphine JOUSSEIN, flûte traversière et quincaillerie électro, Léa CIECHELSKI sax alto et flûte, Quentin BIARDEAU sax ténor, Jessica SIMON trombone et Ariel TESSIER batterie.
On entre dans le concert avec un walk clarinette basse-batterie qui pose et installe une ambiance tranquille, pépère, sans urgence, presqu’à contrario du délire olympique Plus haut plus fort plus vite. Le ténor s’appuie sur le walk pour distiller le thème, walk complété par l’alto et le trombone. Sur ce tapis rythmique, le ténor étale un solo dodu au son plein, rond, crémeux, sans aspérités. Suivi par la flûte de JOUSSEIN qui tire vers le haut la tessiture du sextet avant le retour du ténor poussé au cul par le batteur. Et là, oublie le précédent son voluptueux du sax : solo en roue libre de toute harmonie, mélodie, gentillesse : ça freecote grave ( et aigu ), on sent les échardes, ça dévale de partout en mode tsunamiesque, ça déjante et la jante couine le long des bordures en granit. Puis retour au walk initial, tranquille, pépère. On n’a le temps ni d’applaudir ni de souffler, ils enchaînent sans coup férir avec un solo de trombone, soutenu par un dialogue clarinette basse-batterie et les petites percussions secouées ici et là. Puis c’est le moment des flûtes, duo d’abord puis solo de JOUSSEIN. Qui transforme son tuyau rectiligne en machine percussive, bruitiste et en amplificateur de souffle. On se demande si elle a eu la temps de prendre une collation avant le concert tant elle se retient de planter ses dents dans l’embouchure de son instrument. Mordra-t-elle, oui ou non ? Non.
Encore une phase de transition avant ce qui ressemble au troisième mouvement d’une même suite : rythme lent, causerie clarinette basse-trombone bouché puis solo du sax alto développé sur fond répétitif de toutes. On sort de cette longue suite par un grand soupir du public qui reprend son souffle qu’il avait abandonné là, tout près. Et il convient de le dire encore une fois : à l’Atelier du Plateau, nombril du monde, la qualité d’attention et d’écoute du public mériterait une certification officielle.
Des pièces qui suivent, retenons « révolution », une musique pour fanfare funky-swing sous champignons : on se croirait à Sainte Soline dans la version consommation outrancière de grenades assourdissantes. Le batteur nous offre un solo venu à point pour souligner la baston en cours : ses baguettes frappent fûts et cymbales pendant que son regard regarde ailleurs, presque derrière lui. Pour se prémunir d’un coup en traître-on n’est jamais trop prudent- ? Et cette pièce ultime au tempo lent, introduite par la clarinette basse et les sax avant un thème mélodieux, de loooongues phrases, des tenues soutenuuuues et JOUSSEIN au-dessus, en mode énervé, qui secoue le cocotier. On entend un genre de faux unisson qui frotte histoire de jouer avec la texture du son, son épaisseur, sa fragilité et flotte l’idée du Voyage de Pierre Henry et du Bardo Thödol. Le sextet est emporté dans un son filé qu’il use jusqu’à la corde brin à brin.
Grand plaisir partagé.
Ils ont épuisé leur répertoire, le rappel s’effectue au bar, une fois n’est pas coutume.
Atelier du Plateau, Rue du Plateau - 75020 PARIS