Vendredi 04 avril 2025

19H30 : Right on brass band, esplanade du théâtre

20H : Fred Pallem & Le Sacre du Tympan : »X », grande salle

21h30 : Big Band du Conservatoire & Orchestre de Caen invite Robinson Khoury, foyers du théâtre

22h30 : Brussels Jazz Orchestra invite Camille Bertault : Gainsbourg, grande salle

Il y avait près de 70 musiciens présents sur scène, il serait donc fastidieux de citer tous les noms.

La 30ème Nuit du jazz en mars 2024 venait conclure trois décennies de son animateur Michel Dubourg. Les compteurs remis à zéro, une nouvelle Nuit du jazz, ce vendredi 4 avril 2025, pouvait commencer sous l’égide de son nouveau programmateur Ludwig Chenay. Il a vu grand pour celle-ci ou plutôt gros avec trois big bands invités pour cette seule (longue) soirée (plutôt que nuit) soit un total d’une quarantaine de musiciens sur scène auxquels s’ajoutaient la trentaine d’instrumentistes du big band de la rive droite de Caen le Right on Brass Band (lié à la Yourte du Tympan !) qui accueillait en rythme le public sur le parvis du théâtre.

La réputation du Sacre du Tympan n’étant plus à faire ; restait pour nombre d’entre-nous à la vérifier en direct. Le résultat pour cette salle enthousiaste ne se faisait pas attendre. D’emblée tout séduit dans cette prestation multiforme qui fêtait sa dixième année en dix titres. Du big band de jazz, Fred Pallem a retenu la section cuivres et saxophones avant d’ajouter un quatuor à cordes et enfin une section électrique et percussion importante. Tout lui est permis !..Aussi joue-t-il sur tout les tableaux et c’est à tous les coups gagnants. Tour à tour jazzy, pop, symphonique, mélodique, les compositions se succèdent sans que ne guette l’impression de fourre tout. C’est bien sûr à l imagination du compositeur et leader que revient d’unifier cette apparente dispersion. Compositeur au sens classique du terme, lequel entre deux vagues de bruit et de fureur, laisse émerger une petite musique plus personnelle Les titres ne sont pas laissés au hasard, ils participent d’une histoire, d’un souvenir, d’une sensation, nous dit l’auteur, dont le big band effectue le récit. Et l’on se surprend à songer à telle ou telle musique de film qu’ils auraient pu accompagner.
Si ce sentiment doit beaucoup à l’utilisation du clavinet de Sebastian Palis et ses rythmes cristallins, faisant entendre une petite musique mécanique qui n’est pas sans évoquer celles de Carla Bley, on ne saurait oublier le talent collectif de cette formidable machine à ouïr composée de musiciens tels que Daniel Zimmermann au trombone,Vincent Taeger à la batterie ou bien encore Rémi Sciuto aux saxophones … L’ ovation du public venait clore cette tonique première partie d’une heure et demie.

A la mi-temps, le Conservatoire de Caen faisait entendre lui aussi son big band sous la baguette du tromboniste Thierry Lhiver avec pour invité le compositeur, chanteur et tromboniste Robinson Khoury lui-même en résidence à Coutances dans le cadre de son festival et pourquoi pas parmi les plus jeunes d’entre-eux les futurs musiciens des Nuits du jazz à venir ?

Si à l’instar de l’un des musiciens du Sacre du Tympan, la chanteuse Camille Bertault pouvait sembler sortir tout droit du carnaval étudiant de la veille, c’était dans son cas, pour mieux arborer le queue de pie et le chapeau popularisés par Charlie Chaplin en clochard céleste. C’est -du moins-ce qu’il nous a paru. Qu’importait à ce niveau le costume, seule la scène imposait la chanteuse au milieu de « ses » dix sept musiciens avec pour armes et bagages les textes plutôt intimistes du Gainsbourg d’avant l’autodestruction programmée.

Le Brussels Jazz Orchestra est coutumier du fait avec son invitation précédente faite au chanteur David Linx pour le répertoire de Jacques Brel mais Gainsbourg n’est ni Brel ni Ferré et ses interprétations étaient davantage murmurées à l’oreille du public que jetées à sa face. Gageure tenue par l‘ensemble des protagonistes, entre le big band et ses arrangements d’ensemble et ses superbes solistes d’un côté, de l’autre les textes raffinés de Gainsbourg qu’on a retrouvés avec plaisir (Le poinçonneur des lilas, La Javanaise) ou qu’on a (re) découverts (Les cigarillos, Les Goémons) et bien sûr pour ce somptueux écrin, la voix de la chanteuse Camille Bertault lumineuse et facétieuse à souhait. Dans un savant dosage, soliste parmi les solistes, elle parvient à faire entendre les compositions gainsbourgiennes (!) et à les interpréter de manière créative sans jamais vraiment s’en éloigner ; soit la bonne distance. Plus facile à dire qu’à faire ! La scène nous confirme ainsi les qualités que l’enregistrement nous avait déjà permis d’apprécier (culture jazz 31.12. 22).

Sur scène, c’est encore mieux !


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