Samedi 19 juillet 2025

James Brandon Lewis : saxophone ténor
Anthony Pirog : guitare
Joe Lally : basse
Brendan Canty : batterie

Dernier soir de l’édition 2025 du Crescent Jazz Festival avec en première partie de soirée le convivial concert des stagiaires du festival (comme d’habitude). Quant à la seconde partie, elle était constituée de la rythmique de Fugazi, groupe post-hardcore de Washington D.C actif de 1987 au début des années 2000, et du guitariste Anthony Pirog, soit The Messthetics (ça veut bien dire ce que ça veut dire…), rejoint en 2024 par James Brandon Lewis : a priori un curieux mélange entre des furieux de la déflagration sonique et un tenant de l’avant-garde jazz ancré dans son héritage gospel et blues, mâtiné d’une once de groove. Replié dans le théâtre de Mâcon pour cause d’instabilité climatique, la chaleur humaine aidant, le lieu fut transformé en chaudron brûlant, voir volcanique, par le quartet. Avec des thèmes simples s’inscrivant dans la mémoire auditive immédiate avec vigueur et des envolées au lyrisme acéré, ils déclenchèrent une éruption sonique comme je n’en avais plus ouï depuis bien longtemps. Il faut dire que ces quatre-là firent de la musique (eh oui) et qu’ils se tinrent loin des boulevaris punk approximatifs dégommant les auditeurs dans des salles puantes des années quatre-vingt. Sur des structures radicalement maîtrisées laissant un généreux espace à l’aventure improvisée, ils déclinèrent un set enflammé qui ne laissa personne indifférent. Anthony Pirog, au service d’un bruitisme mélodique audacieux, enchaîna des soli colossaux. Brendan Canty derrière ses fûts fit preuve d’une puissance et d’une clarté jouissives tandis que Joe Lally promenait avec flegme ses lignes de basse parallèles. James Brandon Lewis, lui, privilégia des harmonies, éloignées des changements d’accord élaborés du be-bop, qui servirent de base aux essors improvisés frénétiques souvent dissonants (pour le meilleur) qu’il balança dans la poire d’un public sensible, participatif, et même dansant, qui se leva dès la fin du set pour bruyamment manifester son plaisir. Le fait marquant, c’est que je me levai avec eux pour applaudir ce moment punk, seulement dans l’esprit, parfaitement musical dans la forme, à des années lumière des productions actuelles désespérément consensuelles et si tristement banales dont ma boîte aux lettres regorgent tant qu’elle prend régulièrement des allures de fosse septique…Bref, c’était un 19 juillet, jour qui vit naître Karen Dalton (1937-1993), chanteuse dont Dylan dit « Ma chanteuse préférée... était Karen Dalton. Karen avait une voix comme Billie Holiday et jouait de la guitare comme Jimmy Reed. » C’est aussi le jour de l’ouverture de la première ligne du métro parisien en 1900 tout rond et tout le monde s’en fout, moi inclus.


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