Premier concert automnal pour le pérégrin et pas le moindre
Dimanche 05 octobre 2025
Johnathan Blake : batterie
John Ellis : saxophones
Fabian Almazan : piano & electro
Jalen Baker : vibraphone
Ben Street : contrebasse

My life matters. C’est le titre du nouveau disque de Johnathan Blake, batteur de son état, et leader d’un quintet de haut vol qui fit une démonstration de jazz bien senti sur la scène du Crescent dimanche dernier à Mâcon. Pour mon premier concert automnal, ce fut une excellente idée que de m’y rendre, d’autant que les concerts dominicaux commençant à 17 heures, chacun est chez soi pour l’apéritif. Cela crée des crises d’angoisse chez les cacahuètes, mais bon, il faut bien que quelqu’un trinque… Parenthèse mise à part, le jazz engagé de Johnathan Blake se situe musicalement entre passé et présent et il est notable que l’équilibre qu’il trouve est en soi une incontestable réussite. Accompagné par des musiciens pointus (notamment Ben Street dont chaque note claque comme une sentence), le leader développa sa vision personnelle, au sens large, avec une précision couplée à un désir de jeu évident ; l’entente entre les membres du quintet fit d’ailleurs plaisir à voir autant qu’à écouter et leur générosité fit mouche auprès du public. Johnathan blake laissa à chaque musicien la place nécessaire pour réaliser un solo remarquablement ciselé et jamais hors sujet. Il y eut bien ici et là une ou deux approximations comme on en perçoit souvent en début de tournée mais rien de grave, juste de quoi faire sourire les musiciens complices d’un set unique d’une heure trente qui enchanta l’auditoire nombreux et le pérégrin de service. Avant le rappel issu d’un précédent disque du batteur, le titre à l’imparable mélodie qui clôtura le concert We’ll never know (they didn’t even get to try) me fit songer à un de ces morceaux mixant le blues, le gospel et la soul, comme on en trouvait entre autre chez Cannonball Adderley dans les années soixante-dix, nourri par un crescendo qui transcende le corps du propos avant de s’achever dans un souffle, vous voyez de quoi je parle, ces titres qui vous restent dans le crâne, dont on ne se débarrasse jamais… Bref, ce fut un très beau concert et cela survint un cinq octobre, jour qui vit naître Roberto Juarroz (1925-1995), poète argentin dont les Poésies verticales m’émeuvent depuis plusieurs décennies maintenant. La suite au prochain épisode.
Yves Dorison : photographie