Violon, violoncelles dans l’actualité du disque.

  VINCENT COURTOIS QUARTET

What do you mean by silence ?

Qu’entendez-vous par "silence" ? Vincent Courtois pose la question et y répond dans ce disque assez fascinant.

Le silence, ici, ce sont les espaces vides de sons (mais pas de sens) qui s’insinuent entre les différentes voix de ce quartet. Une musique en suspension faite de musiques qui s’entremêlent, entrent et sortent furtivement. Et le temps qui s’arrête sur des mélodies superbes distillées par la voix (divine ?) de Jeanne Added : I carry your heart, en ouverture de cet album, une carresse à peine troublée par les vibrations de cordes, de métaux et d’anche et Beetween the bliss and me (composition de John Greaves et Vincent Courtois), douce ballade dans un univers "à la Robert Wyatt".

Vincent Courtois Quartet
Vincent Courtois Quartet
What do you mean by silence ? - Label Le Triton - 2006

Ce disque est une oeuvre de funambules, en équilibre instable, jeu des cordes et de l’air ponctué par le travail tout en finesse de François Merville qui confirme ici son talent de percussionniste complet et sensible.

Vincent Courtois signe un nouveau disque qui compte. On connaissait au violoncelliste un talent de leader, il montre qu’il est en train de se construire un univers unique et personnel, libre et sensible.

Magique.

TG


Le Triton TRI-06513 - distribution Le Triton http://www.letriton.com/

> Vincent Courtois : violoncelle, électronique / Jeanne Added : violoncelle, chant / François Merville : batterie, percussions, électronique / Marc Baron : saxophones

1) I Carry your heart / 2) Toma 24 lignes / 3) Objets 05 / 4) The talking fish / 5) Veinte anos / 6) Parcours / 7) Céline 05 / 8) Beetween the bliss and me / 9) Speaking with a fish / 10) En banlieue on se sent moins en danger / 11) Epilogue

lien : http://vcourtoi.club.fr/index.html



  MARK FELDMAN

what exit

La lecture du personnel est alléchante au regard de la participation du pianiste John Taylor.

Mark Feldman - What Exit
Mark Feldman - What Exit
ECM Records - 2006

Le violoniste qui, après trois albums avec le guitariste John Abercrombie, signe là son premier disque chez ECM, aime osciller entre différents idiomes musicaux ainsi qu’en témoigne d’emblée le premier titre de 22mn 52, Arcade qui relève plus de la musique dite contemporaine que du jazz qu’on retrouve dans deux compositions suivies d’un thème d’inspiration yiddish.

Nous sommes très loin de la tradition du violon jazz telle que nous l’entendons en France (Grappelli, Lockwwod). Néanmoins ce disque aux accents audacieux et chargé d’une émotion mystérieuse est digne d’intérêt pour les amateurs à l’oreille aventureuse, curieuse.

JC


ECM 1928 - distribution Universal Music France

Mark Feldman : violin / John Taylor : piano / Anders Jormin : double-bass / Tom Rainey : drums

1/ Arcade ; 2/ Father Demo Square ; 3/ Everafter (in memory of David H. Baker) ; 4/ Ink Pin ; 5/ Elegy ; 6/ Maria Nuñes ; 7/ Cadence ; 8/ What Exit

lien : http://www.ecm-records.com



  DANIEL LEVIN QUARTET

Some Trees

Le violoncelliste Daniel Levin (né en 1974, à Burlington dans le Vermont) a commencé de sérieuses études classiques qui l’ont mené jusqu’au New England Conservatory of Music. Lui qui aurait pu rester un "simple" interprête du répertoire de la musique dite "savante" s’est découvert des talents de compositeur et d’improvisateur lors d’une expérience de création spontanée avec un danseur.

Après un album en quartet produit sur le label indépendant Riti Records en 2003, le producteur suisse Werner X. Uehlinger, militant actif des musiques créatives et improvisées lui ouvre les portes de son label mythique Hat Hut.

Daniel Levin Quartet - Some Trees
Daniel Levin Quartet - Some Trees
HatOLOGY (2006) - distribution Harmonia Mundi.

Some Trees est un album personnel (cinq compositions sur huit sont de la plume de D. Levin) et chargé de références esthétiques qui le situent dans la continuité des grands créateurs du jazz innovant. Eric Dolphy (Out to Lunch), Ornette Coleman (Morning Song) et Steve Lacy (Wickets) font ici figure de jalons mais la configuration atypique du quartet permet d’emmener cette musique au-delà des références.

A la différence de Vincent Courtois qui utilise largement les effets électroniques pour élargir sa palette sonore, Daniel Levin en reste à une utilisation conventionnelle de son instrument et privilégie le jeu acoustique à l’archet, laissant l’usage du pizzicato au contrebassiste Joe Morris.

Ce disque surprend de premier abord par le choix de l’instrumentation qui s’avère en fait très séduisant bien que cette musique ne fasse aucune concession à la facilité. Il en émane une atmosphère de musique de chambre qui n’est pas sans rappeler certaines productions de Joe Mc Phee, et se positionne quelque part entre Jimmy Guiffre et certaines des petites formations de l’AACM (l’ostinato de contrebasse et le développement linéaire sur Zolowski peuvent y faire penser).

Outre le violoncelliste, on remarquera la qualité des intrumentistes et en articulier le trompettiste Nate Wooley qui passe avec aisance d’une sonorité feutrée à des éclats rudes et acérés. Le vibraphoniste Matt Moran privilégie, lui, le travail sur le son, les résonnances aux excès de virtosité.

Some trees est, à l’image de l’arbre qui illustre la pochette, un disque tortueux, noueux, enraciné et, à ce titre, bien captivant.

TG


> Hatology 632 - Hat Hut Records - distibution Harmonia Mundi.

Nate Wooley : trompette / Matt Moran : vibraphone (sauf 8) / Daniel Levin : violoncelle / Joe Morris : contrebasse

enregistré à New-York le 27 mars 2005.

1/ It’s For You ; 2/ Out to lunch ; 3/ Some trees ; 4/ Sitting on his hands ; 5/ Zolowski ; 6/ Wild Palms ; 7/ Wickets ; 8/ Morning song.

liens :

http://www.daniel-levin.com/flash.html

http://www.hathut.com