En même temps que le bar-club Les Disquaires arrête ses soirées jazz faute de rentabilité, le bar La Fontaine a repris ses concerts à raison de un par semaine, le samedi soir, à défaut de redevenir un RDV quasi quotidien pour les amoureux de bistrot ET de jazz, ce pour des raisons de normes acoustiques.
Difficile de faire plus intime et plus proche dans le lien musiciens-public. La « salle » de concert compte vingt chaises pour les bienheureux qui ont eu la bonne idée de venir tôt et 3m2 pour les musiciens ; les autres resteront debout près du bar. Ce qui nous fait, pour ce soir, un bistrot plein à craquer : jeunes, moins jeunes, black, blancs, beurs, jaunes, etc... toutes les couleurs du bonheur sont là !!!
En l’absence de Anne PACÉO, c’est le trio de Rick MARGITZA qui se produit. Rick au sax ténor, Gilles NATUREL à la contrebasse et Philippe SOIRAT à la batterie.
Le programme se construit morceau après morceau, selon le feeling des musiciens, dans une ambiance chaleureuse et tranquille. Ils prennent le temps de discuter de ce qu’ils ont envie de jouer et nous n’avons même pas l’impression de les attendre. Ils convoquent, entres autres, Duke ( In a sentimental mood ), Horace Silver ( Song for my father ), deux compos de Rick....
Quatre morceaux par set, deux sets à suivre, c’est une soirée bien remplie.
Rick MARGITZA, leader et soliste principal se lance dans d’impressionnants et généreux soli, relayés par ses deux compères dans des tourneries classiques en 4/4, 8/8 ou plus. Quelle écoute attentive dans le public et quels applaudissements pour saluer ces soli !!
L’ultime morceau, blues parkerien joué à très grande vitesse, a un goût de jam session avec l’ajout d’un sax alto. Autant dire qu’en un seul morceau, ce musicien s’est montré plus qu’à la hauteur du trio. Ouvrir son étui, assembler son sax, mouiller son anche, la fixer au bec, régler sa cordelière, et démarrer le thème à fond les ballons sans même dix secondes d’échauffement : chapeau bas !! Et quel solo de feu !!
Ce dernier morceau a montré combien l’exercice en trio était difficile pour le leader, censé improviser longuement au risque, faute d’idées de temps en temps, de glisser des traits qui ressemblent à des exercices de virtuosité travaillés à la maison. Un Rick MARGITZA quartet serait vraiment intéressant à explorer.
Julien CAUMER (www.laboratoiredelacreation.org) qui présente la soirée, nous en en rappelle l’aspect financier « équitable » : pas de droit d’entrée fixe, une régulation choisie individuellement : « Entre t’es pauvre, tu mets 10c et t’es à l’aise, tu mets 20 euros, chacun fait son choix et tout le monde s’y retrouve ». Une nouvelle économie sans subprime, sans bonus éhonté, régie non par la cupidité mais par la responsabilité.
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