Des sons à foison

«  Papa, c’est papa ! » crie l’enfant à l’entrée des musiciens, Benoît DELBECQ, piano préparé et Marc DUCRET, guitare et pédale d’effets. Ce soir, on est en famille nombreuse. Et la famille sera particulièrement attentive et réceptive à la musique proposée. Silence parfait dans la salle, intense concentration de tous.
Et il faut ça pour se rendre disponible à cette musique déroutante à plein d’égards. Des thèmes oui, mais à quoi se raccrocher après le thème : un solo ? le pont ? un quatre-quatre à deux ?

Marc Ducret
© 2004 - Culturejazz

Musique déroutante qui nous sort de la route habituelle et nous emmène dans un univers tout en nuances : des sons inouïs du piano préparé à la palette immense des sons du guitariste. Rien de violent, pas de riffs hurlants ni de distorsions à se fendre le tympan mais des pianissimi de chez pianissimo, des « forte » solidement charpentés.

Quelques pièces offrent l’opportunité à l’un et à l’autre d’envolées construites à l’ancienne, une idée en amenant une autre qui elle-même... D’autres, plus nombreuses, ont a voir avec le monde des bruitistes où le principe semble être surtout de ne pas filer l’idée en cours ni de jouer avec et plutôt de l’abréger avant qu’on ne s’y habitue. Le voilà le truc déroutant. Le cerveau se lance à l’assaut de ce qu’il entend en attendant la suite qu’il prévoit. Et là, impossible de se retrouver en pays connu. T’as posé une fesse sur la chaise et hop, t’es le cul en l’air alors que tu croyais t’installer un moment. Ce qui nous révèle l’incroyable virtuosité de DUCRET, enchaînant (en les abrégeant) idée sur idée sans jamais perdre de vue le lien à son partenaire. Lequel tient avec une rigueur rigoureuse des ostinati minimaux et minimalistes.

On se croirait dans un atelier de dentelle spécialisé dans le point de Calais (avec du fil électrique) : je passe en dessous, tu passes en dessus deux fois puis tu fais un nœud de chirurgien et je tire le fil, etc..... Un atelier pour une musique qui se regarde, tant l’un et l’autre musicien ne cessent de se « parler ».


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