avec Magic MALIK et le projet XPs Live

Ce soir encore, le Triton étend ses petites pattes sur les auditeurs de France Musique qui met en ondes live le concert de OCTURN, formation belgo-française qui trace une route originale dans le jazz d’aujourd’hui.

À la pause, ma voisine a pris quelques minutes pour dire son désappointement à sa copine : « c’est une trop petite salle pour tant de musiciens ; ici, c’est bien pour quatre musiciens, pas plus. Et puis c’est cacophonique. La batterie joue fort, je l’entends encore dans mes oreilles. Il y a déjà tellement de belles musiques, pourquoi en chercher de nouvelles ?  ».

Et non, ce n’est pas une soirée Verchuren, on n’entendra ni Perles de Cristal ni la Paimpolaise, encore moins Les Quatre Saisons version sonnerie de portable. Mais une série de pièces sortie du classeur XP : XP23, XP31, XP25. Entendre ici « XP » comme expérience. Les complices de cette aventure se nomment : Guillaume ORTI, sax alto, Bo Van der WERF, sax baryton, Magic MALIK, flûte, voix et compositions, Laurent BLONDIAU et Sanne VAN HACK, trompette et bugle, Jozef DUMOULIN au Fender Rhodes, Fabian FLORINI, piano, Jean-Luc LEHR, guitare basse, Chander SARDJOE, batterie, Gilbert NOUNO, électronique.

Octurn : "_7eyes"
CD (novembre 2009) - Label Octurn / Anticraft

Comme l’explique Bo Van der WERF à Jazzmag/jazzman, « Le matériel de base des morceaux peut être très défini - couleurs d’accords ou trames rythmiques très précises - ou plus abstrait, avec quelques indications pour chacun, mais l’idée principale c’est qu’il puisse à chaque fois faire l’objet de traitements différents. Les structures prennent souvent forme de répétitions, en essayant différentes combinaisons harmoniques et/ou rythmiques, en changeant les rôles et les instrumentations... Les morceaux se structurent donc petit à petit, dans la durée.  »

Et la description est fidèle à l’expérience in vivo. Impossible de retrouver les repères habituels du jazz ( ou de ce qu’on appelle ainsi ) : y a t-il un thème ? un pont ? un temps pour les impros ?

Non, juste des genres de modules qui apparaissent au gré des échanges de regard ou de gestes manifestes, qui parfois impliquent le groupe entier, ou seulement un pupitre ( les trompettes, les sax, les claviers, etc … ) et parfois même simplement un binôme de musiciens de différents pupitres : sax alto-trompette, sax bar-flûte, batterie-basse... Si l’on ajoute à cela la possibilité d’empiler, tel un mille feuilles musical, des structures rythmiques différentes portées par ces différents binômes (et qui ne se lancent pas ensemble), on a un début de commencement d’idée de la musique proposée. Sont convoqués devant nous tant les pères américains de l’école minimaliste ( Terry Riley, Charlemagne Palestine, … ) que les musiques électroniques du moment. L’auditeur, s’il ne lâche pas ses routines, réagit comme ma voisine. S’il se montre curieux, il expérimente une transe légère où le temps s’étire, où la musique se structure petit à petit et où il se demande : « mais pourquoi ça s’arrête maintenant ? »


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