Samuel Silvant et Raphaël Imbert, en ouverture du festival 2010.

Au milieu de la garrigue gardoise, des vignes et des oliviers, la petite commune de Junas fait rayonner un dynamisme associatif remarquable qui lui permet, en particulier, de présenter son 17ème festival "Jazz à Junas" sous-titré en 2010 "Le Languedoc -Roussillon rencontre New-York". Programme fort alléchant !

Samedi 17 juillet, cette nouvelle édition s’est ouverte sans fanfare, avec une belle sérénité et une qualité artistique qui laissent augurer de bien beaux moments.

Philippe Deschepper - Junas, 17 juillet 2010
Photo © CultureJazz

Ouverture tranquille sous les arbres de la Place de l’Avenir avec le trio du batteur languedocien Samuel Silvant qui invitait pour l’occasion le guitariste Philippe Deschepper. Presque au niveau du sol, entre les jeux pour enfants et les chaises occupées par les spectateurs, l’espace scénique instaurait une proximité et une complicité entre les musiciens et le public, en toute simplicité et avec modestie. La musique de Samuel Silvant doit beaucoup au batteur Paul Motian (dont il revisite d’ailleurs le joli thème, Dance) et repose sur une conception aérienne du rythme suggéré plus qu’imposé. Une écoute collective soutenue permet de construire des espaces sonores mouvants. Dans ce contexte, la guitare de Philippe Deschepper renforce la référence à Motian : l’ombre de Bill Frisell par un savant usage savant des effets. Complété aux clarinettes par Olivier Thémines (venu de Touraine ) et à la contrebasse par l’excellent Bernard Santacruz (venu avec sa magnifique composition "White Horses"), on jurerait que ce trio "+ 1" est un quartet bien rôdé. La magie des associations dans le jazz, sans aucun doute.

Samuel Silvant Trio avec P. Deschepper - Junas, 17 juillet 2010
Photo © CultureJazz

Pour ses concerts de soirée, le festival investit traditionnellement le site des carrières antiques proches du village mais ce samedi, c’est au temple protestant qui borde la Place de l’Avenir que ses produisait Raphaël Imbert avec son fameux trio. Fameux parce qu’il nous a livré le remarquable disque New-York_Project sur le label Zig-Zag Territoires (septembre 2009), fameux parce qu’on y écoute avec bonheur le batteur Gerald Cleaver et le contrebassiste Joe Martin, une paire rythmique idéale, fameux enfin car très attendu après qu’un nuage de cendres volcaniques (tout aussi fameux !) ait empêché les musiciens de se retrouver en France ce printemps pour une tournée pourtant prometteuse.

Raphaël Imbert, à Junas, le 17 juillet 2010
Photo © CultureJazz

Cette fois, ils étaient bien là dans le cadre assez intimiste du temple, prêts à donner beaucoup pour un public attentif et vite conquis. Ouvert par deux extraits d’une nouvelle suite composée au mois de juin lors d’un voyage d’étude dans le Dixieland (Raphaël Imbert est aussi ethnologue), le concert révéla à quel point cette musique possède une âme, une profondeur qui offrent à l’auditeur un sentiment de plénitude. Au delà des thèmes (pour la plupart issus du disque du trio), le jazz de Raphaël Imbert s’est construit sur une histoire personnelle (un séjour scientifique et artistique à New-York en 2003), des rencontres (les musiciens, des lieux...) et un respect profond pour les maîtres du jazz (C. Parker, J. Coltrane, Ellington ou T. Monk...). Saxophoniste au jeu sensible, lyrique, parfois sans concessions, Raphaël Imbert a su retenir l’essentiel de l’écoute de ses maîtres (la référence coltranienne, par exemple) pour se construire un langage personnel qui porte au plus haut ses préoccupations d’homme à la recherche de l’esprit du jazz. En cela , il s’affirme de plus un plus comme un des musiciens les plus passionnants de la scène jazz européenne.

Gerald Cleaver - Junas, 17 juillet 2010
Photo © CultureJazz

Le trio, parfaitement soudé, a donné un concert sans failles qui a su combler le public présent.
Il faisait chaud dans le temple (et pourtant les musiciens n’ont pas ménagé leurs efforts) mais la chaleur était surtout humaine, celle qui se partage à travers de beaux moments de connivence autour d’une musique qui a une âme.

Un bien beau début pour un festival dont le programme s’annonce prometteur.

À suivre !





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Joe Martin - Junas, 17 juillet 2010
Photo © CultureJazz

Avant de se rendre à Junas pour ce concert, les musiciens du trio se sont produits pendant deux soirées au "Tracteur", un café-restaurant à vocation culturelle basé à Puymoisson, petite bourgade des Alpes de Haute-Provence, au pays des lavandes. L’équipe du label Zig-Zag Territoires a enregistré ces deux concerts qui seront restitués dans un prochain album "live". Pour l’occasion, Raphaël Imbert avait invité son complice de longue date, le vibraphoniste Stephan Caracci (Newtopia Project, Sixtine Group...) à se joindre au trio.

Un disque déjà très attendu ! Patience !






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