Si le Beau Jolais nouveau n’est pas encore sur les comptoirs, le Sclavis nouveau lui, vient de paraître.

Cette naissance fut suivie de près par environ quarante spectateurs, pas plus malheureusement. Des qui n’ont pas peur d’affronter les affres du changement, de la fin des habitudes, voire des ruptures, ni de secouer leurs addictions à tel ou tel musicien et à son style.
Si d’aucuns s’agitent ( avant une perfusion de Ritaline ) et crient à tout vent : "Avec moi, ce sera la rupture !! Vous allez voir ce que vous allez voir !" et qu’au bout du bout, on voit bien qu’on ne voit rien sauf la rupture avec l’annonce de la rupture, laquelle crée un navrant parcours alambiqué où l’on fait très exactement le contraire du contraire, d’autres qui ignorent les effets d’annonce, œuvrent portes closes à l’abri des regards-et-zoreilles, mettent les mains sur leur instrument de musique, défrichent des friches, prennent des risques et osent s’aventurer.

Louis Sclavis
Fay sur Lignon, 2008 - Photo © Yves Dorison

Et là, chapeau bas, Monsieur SCLAVIS pour cette rupture pas du tout médiatisée mais actée-montrée.

Le trio formé avec Benjamin MOUSSAY aux claviers ( piano, fender rhodes, synthétiseur ) et Gilles CORONADO à la guitare et aux pédales d’effet, est en résidence de création au Triton tout le trimestre et présentera la progression de son travail encore deux fois d’ici la fin de l’année.

Il n’y a pas photo (-voltaïque ) : l’énergie électrique et l’énergie du vent vont en découdre. La première, fortement d’origine nucléaire, la seconde totalement pulmonaire, l’une activant les machines de MOUSSAY et CORONADO, l’autre faisant vibrer les anches des clarinettes de SCLAVIS.

Le dialogue acoustique-électronique s’avère passionnant. Qu’en retenir ?

L’influence forte des deux musiciens électrifiés qui imposent un style, un son, un quelque chose qui oblige le souffleur à sortir de ses sentiers battus, à explorer des chemins carrément inhabituels voire inouïs, à presque rencontrer les limites de l’instrument et à laisser penser qu’un jour, il y aura peut-être des machines pour compléter ses clarinettes. Toute ressemblance avec une musique existante ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Même le jazz n’est plus une référence. Il s’agit juste de musique, d’improvisation sous contrainte, de jeu à trois.

Si ce trio donne à chacun la possibilité d’y aller de son chorus, il est à remarquer qu’il donne souvent à entendre les trois musiciens ensemble, se soutenant, se répondant, s’unissant.

Le public ne se laisse pas rebuter par la nouveauté et garde un silence plus qu’attentif jusqu’au rappel.

Penser à réserver la soirée du 19 novembre pour la suite du work in progress.

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> Louis Sclavis : clarinettes et saxophone / Gilles Coronado : guitare / Benjamin Moussay : piano, claviers

  • Vendredi 24 septembre 2010 - Le Triton (Les Lilas - 93)

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