Dans le cadre de la programmation des concerts "Jazz dans les Foyers", le Théâtre de Caen invitait le trio du pianiste Murat Öztrürk le samedi 11 décembre.
> Théâtre de Caen - "Jazz dans les Foyers" - samedi 11 décembre – 17 heures.
C’est devenu une tradition, au moment où monte la fièvre (consommatrice...) des fêtes de fin d’année, Michel Dubourg programme un trio "piano-contrebasse-batterie" dans la série de concerts (gratuits !) "Jazz dans les Foyers".
Seulement, c’est aussi à ce moment-là qu’une patinoire de plein-air fréquentée et bruyante est implantée sur le parvis du théâtre, juste derrière le dos des musiciens installés sur la scène des foyers. Un défi ? Ça passe ou ça casse... Jusqu’alors tout s’était bien passé avec Tigran Hamasyan en 2008, Ronnie Lynn Patterson en 2009... Et cette fois ?
> Murat Öztürk (piano), Gautier Laurent (contrebasse), Oliver Strauch ( batterie) - Caen le 11 décembre 2010
Dans la fourmilière des trios "p-b-dms" (pour faire court), C’est Murat Öztürk qui a gagné au tirage cette année.
Murat est un pianiste-paysagiste qui sait trouver les essences mélodiques et les couleurs adaptées à son projet artistique tout en finesse et en simplicité. Il façonne ses compositions avec un doigté remarquable.
Si les spectateurs sont très vite happés par la musique qui se joue, c’est que la sobriété et la grande intelligence artistique développées dans ce projet suscitent une certaine admiration autant qu’elle engendre le plaisir de l’écoute. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le dernier album de Murat Öztürk (chroniqué par Michel Delorme en octobre 2009) est paru sur le très estimé Label Laborie.
Entre la séduction des ballades et les thèmes sur tempo medium, on reste constamment dans l’univers du jazz joué avec sincèrité et délicatesse sans aucune mièvrerie ni recherche d’une quelconque démonstration technique. Un clin d’œil à la tradition des standards avec "What is this thing called love" permet de prendre la mesure du talent de ce pianiste, qui a sans doute beaucoup appris de la délicatesse d’un Bill Evans, l’assurance d’un Keith Jarrett et la musicalité limpide de Chick Corea. En rappel, il apportera même sa touche un peu décalée et affectueuse à "l’anniversaire Chopin".
Au piano, Murat Öztürk se caractérise par un toucher très nuancé, une technique maîtrisée qui évite tout étalage gratuit (et inutile). Il a trouvé en Gautier Laurent un partenaire attentif qui fait chanter sa contrebasse à la juste place et distiller quelques phrases très sensibles au bon moment. À la batterie, venu d’Allemagne, Oliver Strauch assure un tempo équilibré et un soubassement rythmique sans failles. Ces deux complices savent rester en parfaite connexion avec la pensée musicale du pianiste.
Une fin d’après-midi qui a offert (puisque l’entrée est libre !) une délicieuse parenthèse dans l’agitation urbaine de cette période pré-hivernale. L’atmosphère veloutée, la sincérité et la simplicité du propos ont comblé le public toujours aussi attentif et respectueux de ces rendez-vous mensuels.
De la belle ouvrage !
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> Formation :
Murat Öztürk : piano / Gautier Laurent : contrebasse / Oliver Strauch : batterie
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